Vous serez mes témoins

« Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Il est intéressant que cette question nous soit posée dans l’Évangile de ce dimanche, alors que s’ouvre la Semaine missionnaire mondiale, dont le thème cette année est « Vous serez mes témoins ». La mission, en effet, n’est pas anecdotique dans l’Église : elle en est la raison d’être.

Pour ceux qui, comme moi, ont eu la chance de partir en coopération dans des pays plus ou moins lointains, ce temps de volontariat n’a pas été une parenthèse exotique dans leur existence, mais le commencement d’une nouvelle vie, et la prise de conscience que, si nous sommes chacun des petites pierres dans l’édification du Corps du Christ (ce qui est, finalement, notre mission), nous sommes tous des pierres précieuses !

Nul n’est de trop

Bien sûr, tout le monde n’est pas appelé à partir de l’autre côté de la planète ; mais le baptême a fait de nous des membres de l’Église, des membres du Christ, pour que « nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude[1] ».

Pour cela, tous les talents sont bienvenus, et tous sont nécessaires, non pas pour « faire tourner la boutique » (l’Église, la paroisse), mais pour construire tous ensemble cette communauté de frères et de sœurs à laquelle nous aspirons. Nul n’est de trop dans l’Église, disait Benoît XVI, et nul ne doit se sentir exclu ou ignoré. Mais nul non plus ne doit se croire dispensé d’apporter sa pierre à l’édifice, d’une manière ou d’une autre ; sans quoi, il manquerait quelque chose au Corps du Christ que nous formons. Ce qui, avouons-le, serait tout de même dommage…

Prier sans se décourager

« Vous serez mes témoins, ici, là-bas, et jusqu’aux extrémités de la terre », dit Jésus à ses disciples après sa résurrection[2] ; mais c’est juste après avoir promis : « Vous allez recevoir la force de l’Esprit Saint ». Nous ne sommes pas seuls dans cette mission (« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde[3] »), et heureusement car sinon nous ne serions témoins que de nous-mêmes (et c’est bien peu). C’est de l’amour, de la tendresse, de la sollicitude de Dieu pour chacun, que nous sommes appelés à témoigner ; et cela non seulement par nos paroles, mais par nos actes, et par cette attitude confiante qui nous vient de la certitude d’être aimés par un Père qui jamais n’abandonnera ses enfants. Lui donne l’Esprit Saint à tous ceux qui le lui demandent[4], mais encore faut-il le lui demander. C’est pourquoi Jésus nous exhorte à prier sans se décourager, à temps et à contretemps, dans une prière parfois joyeuse, parfois difficile et aride, dans l’apparent silence de Dieu. Prier sans cesse …

Pour que le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouve encore la foi sur la terre.

Elisabeth Vilain, ov

Immaculée Conception

[1] Eph 4, 13.

[2] Ac 1, 8.

[3] Mt 28, 20.

[4] cf. Lc 11, 13.