Lassitude ou acte de foi ?

 

Les difficultés liées à la situation sanitaire se prolongent encore …

Beaucoup partagent une vraie lassitude, un épuisement se demandant quand tout cela va-t-il se terminer, quand nous pourrons reprendre une vie « normale » … Ces interrogations sont légitimes et je dirais même nécessaires : Nous sommes faits pour la vie !

Un essayiste partageait récemment que parmi les cinq sens, celui qui était particulièrement « chrétien » était le toucher qui permet la relation ; nous pouvons voir sans être vus, entendre sans être entendu et donc demeurer à distance ; le toucher nous plonge dans le mystère de l’incarnation : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » (1 Jean 1,1). Il nous manque aujourd’hui ce « toucher », c’est-à-dire tout ce qui concerne des relations sociales simples, naturelles, où le sourire a toute sa place …

 

L’Evangile de ce dimanche, Evangile de la Transfiguration, nous donne de contempler Jésus qui emmène ses trois plus proches Apôtres, Pierre, Jacques et Jean, pour un temps d’intimité avec lui, un temps de rencontre d’une profondeur inouïe : Jésus va leur apparaître dans son identité la plus profonde, leur révéler le mystère de ce qu’il est dans sa communion avec le Père ; Jésus est « dévisagé » par les siens, rayonnant de lumière …

Expérience fondatrice pour traverser ensuite l’épreuve et l’absence du « voir » et du « toucher » … Jésus va leur échapper dans la mort.

A cette intimité et à cette rencontre de la rencontre sur la montagne, nous sommes nous aussi appelés, dans la foi ; par grâce, cela nous est possible !

 

Alors, lassitude ou acte de foi ?

Nous vivons ces semaines de lassitude dans le temps du carême, le temps du désir : beaucoup répliqueront que cela a assez duré ! Certes … Mais le réel est là !

Nous chrétiens avons la chance (la grâce ?) de pouvoir vivre ces moments de « sécheresse relationnelle » dans le temps du carême ; nous pouvons en faire un moment de grâce.

Un moment de grâce pour persévérer dans notre rencontre avec le Christ qui vient nous « toucher » en chaque Eucharistie par son corps livré, dans sa Parole vivante, dans la prière, dans la rencontre avec le pauvre …

Un moment de grâce entre frères et sœurs pour, au-delà d’un toucher physique, d’un regard derrière un masque, nous rejoindre en profondeur, dans une attention renouvelée, une délicatesse du cœur qui voit la souffrance souvent cachée, qui écoute d’une oreille nouvelle, qui porte un regard de bonté et d’encouragement …

Oui, utilisons tous nos « sens intérieurs » ! Ceux-là nous sont à notre disposition !

Après être descendus de la montagne, Pierre, Jacques et Jean vont ainsi voir leur Maître bientôt défiguré avec leurs sens intérieurs, écouter ses paroles murmurées du sommet de la croix avec plus d’attention …

 

Bonne suite de carême à vous ! Un temps de grâce pour chrétiens confinés appelés à témoigner de l’espérance !

 

Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception