« Je vous donne ma paix »

Au cours de ces deux mois de confinement, il est bien possible que nous ayons eu envie de crier certains jours « laisse-moi en paix ! », pour ne pas parler plus trivialement ! Dans notre monde, réclamer la paix c’est chercher à se protéger contre tout ce qui peut nous agresser, nous faire peur, tout ce qui peut perturber le bon ordonnancement de notre vie.

L’Evangile de ce jour nous interroge justement sur la paix que Jésus-Christ nous donne. A l’évidence et le texte le dit, cette paix n’est pas de ce monde. Et de fait, la paix de Jésus-Christ n’empêche pas les embûches ou les blessures de la vie ; elle ne supprime pas les maladies ou les guerres, les violences ou les injustices. C’est l’expérience de la communauté johannique persécutée et chassée des synagogues aux premiers temps de l’Eglise. C’est bien ce que rapporte aussi le passage des Actes des Apôtres de ce jour : « il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ».

Non, la paix de Jésus-Christ n’est pas de ce monde mais elle nous renvoie précisément à l’avènement du Royaume de Dieu. La paix que Jésus-Christ nous donne est celle qui nait de son union totale au Père, d’une vie pleinement donnée et ajustée à la volonté du Père. La paix de Jésus-Christ est la réalisation du projet de Dieu pour chaque de nous : invité et admis à partager la vie même de Dieu (Dei Verbum § 2). La paix de Jésus-Christ est le salut de l’homme : son entrée dans la vision et la vie de Dieu.

La paix que Jésus-Christ nous donne est l’irruption de Dieu dans nos vies pour nous libérer de nos peurs et de nos angoisses, de nos désirs de maîtrise, de puissance ou d’efficacité.

La paix de Jésus-Christ nous introduit dans l’Espérance qui repose sur la promesse du Père, Dieu fidèle à l’homme quoi qu’Il puisse lui en coûter, à jamais présent à nos côtés quoi qu’Il puisse arriver. L’espoir est à vue humaine ; il suppose que je puisse encore me battre … « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » dit-on. L’Espérance est à la vue de Dieu. L’Espérance apparaît là où les lumières de l’espoir s’éteignent. Dans la contemplation du Dieu de la Croix ressuscité, l’Espérance est la promesse de la Vie de Dieu qui a vaincu la mort, Vie à laquelle je suis appelé quoi qu’il en soit de mes faiblesses et de mes manques, Vie qu’il m’est déjà donné de recevoir par les sacrements.

Nous comprenons alors que la paix que Jésus-Christ nous donne ne supprime pas les épreuves de la vie ; elle n’est pas un pansement sur nos blessures intérieures mais elle nous donne de vivre au plus près de ces blessures sans en mourir, car rien jamais ne nous séparera de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Telle est notre Espérance.

Seigneur, avec tout ce qui fait aujourd’hui ma vie, donne-moi un cœur disponible pour accueillir ta Paix afin que je sois, en ce monde, un témoin de l’Espérance.

 

Frédéric Subra, candidat au diaconat permanent