Pour que l’Ecriture s’accomplisse jusqu’au bout
Vendredi Saint : nous vénérons la croix du Christ. Le récit de la Passion que nous entendons aujourd’hui est dans l’Evangile selon saint Jean qui, on le sait, débute par ces mots « le Verbe s’est fait chair ».Le Verbe qui était Dieu. Jésus est ce Verbe et, aujourd’hui, il est en croix! La Parole de Dieu va se faire silence.
Un diacre de notre diocèse avait rédigé une méditation mettant en écho les Béatitudes avec les sept paroles du Christ en croix; essayez si vous avez du goût pour les concordances, cela résonne! Cette méditation fut donnée à l’occasion de ses funérailles en janvier dernier, alors qu’un cancer fulgurant l’avait frappé. Sans reprendre la méditation de ce diacre, nous pouvons aujourd’hui réentendre ces sept paroles du Christ comme des clefs de lecture du Mystère de la croix.
« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »(Lc 23,24)
Quel cri poignant! Amour du fils pour le Père. Se sachant tant aimé du Père, le crucifié lui demande son pardon pour les hommes qui le torturent. Amour de Jésus pour les hommes: la victime se fait offrande. Ce n’est plus lui la victime, mais nous qui le mettons à mort. Jésus, fils de Dieu, prends pitié de moi, pécheur!
« En vérité, je te le dis: aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ».(Lc 23,43)
Le bon larron reconnaît la dignité royale de Jésus. Le Christ est déjà dans sa gloire. La Nouvelle Alliance est conclue. Roi des rois, Seigneur des seigneurs, louange à Toi qui est crucifié!
« Femme, voici ton fils. » puis « Voici ta mère ».(Jn19,27)
Voici le crucifié penché sur l’humanité et qui la confie à sa mère. Jésus établit Marie comme notre mère, elle qui, à Cana, sut remarquer que nous n’avions plus de vin.
Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, priez pour nous!
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mt 27,46 et Mc 15,34)
Cri de détresse mais non de désespoir puisqu’il s’adresse à Dieu en citant les Ecritures, le psaume 21 que l’on retrouve en filigrane tout au long du récit de la Passion. Jésus a souffert dans son corps et dans son âme jusqu’à se sentir abandonné du Père. Mystèrieux écartèlement spirituel, solitude extrème de la croix. Puissent ceux qui se sentent aujourd’hui abandonnés trouver en Jésus leur consolation.
« J’ai soif! » (Jn19,28)
L’évangéliste indique que ce cri de Jésus venait en accomplissement de l’Ecriture. Pour que l’Ecriture s’accomplisse jusqu’au bout. Dieu a soif : pourvu que ma prière n’ai pas un goût de vinaigre!
« Tout est achevé » (Jn 19,30)
L’Ecriture est achevée. La volonté du Père est accomplie. L’oeuvre de Dieu, qui s’est manifestée à la création, s’achève. Voici l’Homme! Jésus est l’homme parfait, achevé. Que Dieu achève en chacun de nous ce qu’il a commencé avec notre baptême!
« Père, en tes mains, je remets mon esprit. » (Lc 23,46)
Tout revient au Père. Ce sont les mots de la prière du soir, avant d’aller dormir. Car il s’agit de ne plus se soucier de ce que l’on fait ou devrait faire, ni de chercher satisfaction par nous-mêmes, mais de donner notre vie à Dieu. Réellement donner, car elle est reçue d’un autre. La donner à Dieu et aux hommes.
Ayant dit cela, il expira. Lui la Parole se fait silence. Il meurt et se tait.
Bertrand de Montclos, diacre permanent