Homélie du Père Olivier de Petiville sur la guérison

26 janvier 2025

 

L’Évangile, comme la première lecture, nous parle d’un sujet dont on ne parle pas beaucoup dans les homélies, c’est la question des miracles de guérison.

  • Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous dit : il y a différents dons dans l’Église : certains sont prophètes, certains enseignent, certains sont apôtres, certains ont le don du service et certains ont le don d’opérer des guérisons données par le Seigneur.
  • Dans l’Évangile, nous avons Jésus qui lit le livre du prophète Isaïe. « Je suis venu annoncer aux aveugles qu’ils retrouveront la vue ».

 

Nous avons donc deux passages dans lesquels nous avons cette question des miracles de guérison et nous pouvons nous poser cette question, est-ce que ces passages nous parlent juste de guérison spirituelle ou bien de guérison physique. Et est-ce qu’aujourd’hui aussi, le Christ continue à guérir à travers des hommes et des femmes ?

 

Avec le Père Édouard, nous avons décidé de travailler ce sujet-là aujourd’hui et nous prêchons tous les deux sur ce thème.

 

  • La première chose à regarder est : que nous disent les Écritures et la vie de l’Église ? Ce sera la première source à laquelle nous irons.
  • Ensuite, nous regarderons pourquoi Dieu guérit ; le sens n’est pas si évident que cela.
  • Enfin, les prudences à avoir par rapport à cette question.

 

 

  1. Les miracles de guérison dans les Ecritures et la vie de l’Eglise

 

Dans les Écritures, regardons Jésus, commençons par cela. Son ministère de guérison a été annoncé dans le livre d’Isaïe qui apparaît dans l’évangile d’aujourd’hui, et effectivement, on voit ensuite Jésus guérir des personnes. Cela représente peut-être 20% des évangiles. Ce n’est pas négligeable, c’est important !

Pour les apôtres, de la même façon, cela est annoncé. En Mc 16,18, au moment où le Christ va monter au ciel, il dit aux apôtres : « En mon nom, ceux qui deviendront croyants imposeront les mains aux malades et les malades s’en trouveront bien ». Et, effectivement, les apôtres vont opérer des guérisons ; c’est relaté dans le livre des actes des apôtres. Saint Pierre et Saint Jean guérissent un paralytique et, par la suite, des foules immenses viennent les toucher, leur demander de les guérir – comme avec le Christ. Nous avons enfin le passage de Saint Paul, que nous avons écouté aujourd’hui, qui théorise cela et montre que les dons sont différents au sein de l’Église – tous au service de la croissance du même corps qui est l’Église.

Donc, réellement, les Écritures nous montrent que ces guérisons ne sont pas uniquement spirituelles, mais qu’il y a des guérisons physiques.

 

Que nous dit maintenant l’histoire de l’Église ? Les premiers siècles de la vie de l’Église sont rapportés par ce que l’on appelle les Pères de l’Église (Contre les Hérésies II, 32, 4). Nous en avons un à Lyon : Saint Irénée. Ça tombe bien ! Dans un de ses écrits, il dit exactement la même chose que Saint Paul : A un certain nombre de chrétiens a été donné un don pour opérer des guérisons. C’était quelque chose de relativement commun à cette époque-là.

Par la suite, à partir du Moyen-Âge, ce sont uniquement des grands saints qui ont fait cela ; vous avez tous des noms en tête. On a eu Saint Jean-Marie Vianney, il y a eu Padre Pio, Don Bosco et beaucoup d’autres.

 

Avec Vatican II, une inflexion s’est opérée. Il y a eu une grande réflexion sur cette question à Vatican II. En demandant l’assistance de l’Esprit Saint et en reprenant les Écritures ainsi que les Pères de l’Église, les pères du Concile ont affirmé que ce don n’est pas réservé aux grands saints, mais qu’il peut être donné par Dieu à des chrétiens ordinaires. Cela apparaît dans le document Lumen Gentium au numéro 12.

Bref, les Écritures, comme la vie de l’Église, nous montrent que Dieu guérit, pas uniquement spirituellement, mais physiquement. Il le fait encore aujourd’hui. L’Église invite à aller dans cette voie-là avec Vatican II, dernier concile.

 

 

  1. Pourquoi Dieu guérit-il ?

 

On peut se poser une question à ce stade-là : ce qui compte le plus, c’est le salut de l’âme, n’est-ce pas ? C’est notre salut ! Alors pourquoi Dieu vient-il guérir notre corps ? Pourquoi ?  La question du pourquoi est fondamentale. Je vois deux réponses à cela.

 

La première, c’est que Dieu prend soin de notre corps. Notre corps a du prix à ses yeux. Nous ne sommes pas un pur esprit. Nous sommes une personne, corps, esprit, âme et Il prend soin de notre personne tout entière et donc pas uniquement de notre âme mais aussi de notre corps. Jésus a bien dit à un moment : « tous les cheveux de votre tête sont comptés ». Et il peut y en avoir beaucoup.

 

La deuxième grande raison, c’est la raison de la foi. Si Jésus, opère des miracles, si des miracles ont encore lieu dans l’Église aujourd’hui, c’est pour faire grandir la foi.  C’est la finalité ultime. Je vais vous donner un exemple. C’est une personne de ma famille.  Elle va à Paray le Monial. A la fin d’une messe, il y a une personne inspirée qui dit au micro : « quelqu’un qui a le pied cassé en petits morceaux vient d’être guéri par le Seigneur ! » Cette personne de ma famille se dit : « foutaise ! qu’est-ce qui le prouve ? ». Un peu comme St Thomas quand lui est annoncé la Résurrection. Dans l’après-midi, quelqu’un vient le voir et lui dit : « Ecoutez, j’ai un gros souci ! Une bonne et une mauvaise nouvelle. J’avais sauté d’un pont il y a quelques temps, dans l’eau, et je me suis fracassé le pied en mille morceaux. J’avais donc un plâtre. Pendant la messe, il y a eu une parole sur moi. J’ai senti de la chaleur dans mon pied. Je me suis dit, je suis guéri, je suis allé à l’hôpital. A l’hôpital, ils ont dit, ce n’est pas possible ! Votre pied est en pleine forme. Ils ont donc enlevé mon plâtre, sauf que je n’avais qu’une chaussure. Est-ce que vous n’en auriez pas deux pour moi ? Autant vous dire que la personne de ma famille a été stupéfaite et il lui a prêté une paire de ses chaussures, et il lui dit : « Mais comment je vais les récupérer, où est-ce que vous habitez ? » Il habitait à trois kilomètres de chez lui. Je crois qu’il a compris le petit clin d’œil de la part du Seigneur. Et sa foi en a grandi. Il s’est rendu compte que le Seigneur, physiquement, mais bien évidemment, spirituellement, a une puissance qui est immense et peut transformer des choses impossibles.

 

Un autre exemple, c’est celui d’une conversion à Lourdes. Au 19e, un homme profondément incroyant va à Lourdes et dit : si je suis guéri (il était extrêmement malade), je croirai. Et en effet, il a été guéri, et il a cru.

 

Voilà ce que le Seigneur peut opérer à travers ces actes-là. Nous voyons donc qu’il y a deux grandes raisons de ces guérisons.

  • Dieu veut nous montrer qu’il prend soin de notre corps.
  • La deuxième chose, faire grandir notre foi, la confiance en Lui, la relation à Lui.

 

  • Les prudences à avoir

 

Mais peut-être qu’à travers tout ça, vous vous dites : « houlà ! il y a peut-être des choses auxquelles il faut faire attention. Je n’ai pas l’habitude de ça. Il y a déjà eu des abus sur ces questions. » En effet, il convient d’être prudent.

 

Je vois quatre grandes choses en termes de prudence.

  • La première chose, si vous êtes malades : « allez chez votre médecin ! » Oui, le Seigneur agit, guérit à travers eux. Dieu ne vient pas se substituer à eux.
  • La deuxième chose, et nous le savons tous, c’est que mystérieusement, et on ne sait pas pourquoi, tout le monde n’est pas guéri. Pourquoi Dieu guérit-il telle personne et pas telle autre ? Je ne sais pas ! Il y a un mystère derrière. Ce dont je suis certain, en revanche, c’est que Dieu prend soin de chacun, accompagne chacun. C’est exactement ce qui s’est passé à Gethsémani : « Père, éloigne de moi cette coupe, mais non pas ma volonté, mais la tienne ! ». Et le père a accompagné son fils et lui a ouvert un chemin de vie, différent de ce qu’il demandait au départ. C’est sûr il y a une incertitude sur la réponse de Dieu. Dieu dispose. Mais, avec foi, nous pouvons demander. N’en ayons pas peur. Demandons, demandons au Seigneur qui nous aime tant, mais gardons notre cœur ouvert à sa réponse, que nous ne connaissons pas à l’avance.

 

  • Une troisième prudence, attention au spectaculaire. Le grand risque, avec ce que je viens de dire, c’est de courir à Paray le Monial, puis très vite derrière à Lourdes, puis dans un groupe de prière de guérison, puis, puis, puis, puis, puis, et de voir Jésus comme un magicien. Alors que, ce qui compte, je l’ai bien dit, c’est cette relation au Christ, cette proximité avec lui, cette vie de prière, cette vie sacramentelle, cette vie de charité. S’il y a une guérison, sans que la relation à Jésus ne grandisse, on est passé à côté de quelque chose.

Jésus lui-même voyait des foules courir à lui, mais ces foules, bien souvent, cherchaient un magicien. Attention au spectaculaire !

 

  • Dernière prudence : vivre cela dans l’église. Les personnes qui ont ces dons-là ne le vivent pas de leur côté, mais dans un groupe d’Eglise, appelé par l’évêque, par les prêtres de paroisses, avec des temps de relecture, des temps de formation. C’est quelque chose qui se vit dans un cadre. Sinon, il y a un risque d’emprise, risque d’abus, risque de spectaculaire, risque de gouroufication, etc. Il y a un cadre donné. D’ailleurs, peut-être le savez-vous, actuellement, la conférence des évêques de France est en train de préparer un document sur cette question, pour inviter à le vivre, dans la lignée de Vatican II, mais aussi avec un cadre donné. Notre évêque, Mgr de Germay, prépare aussi un document dans cette lignée. Sur la paroisse, il y a toute une réflexion sur cette question-là. Un groupe est en train de se former, pour se mettre en place, pour proposer aux paroissiens qui le souhaitent de demander leur guérison au Seigneur.

 

 

Que retenir sur cette question de la guérison ? Le plus important à garder c’est cette foi en Dieu. Oui, Dieu est capable de beaucoup. Osons-lui demander… Osons-lui demander ! Demandons au Seigneur, dans cette Eucharistie, de faire grandir notre foi. Mais aussi, une foi qui soit éclairée, une foi qui soit prudente. Amen.

 

 

****************

 

En conclusion

On peut retenir que cette homélie traite des miracles de guérison, un sujet souvent peu abordé dans l’Église. L’Évangile et les Écritures montrent que Jésus et les apôtres ont accompli des guérisons physiques et spirituelles, une pratique présente également dans l’histoire de l’Église. Au fil des siècles, les guérisons ont été associées à des grands saints, mais Vatican II a affirmé que ce don peut être confié à des chrétiens ordinaires.

Pourquoi Dieu guérit ?

  1. Dieu prend soin de notre corps, car il valorise notre dimension corporelle autant que spirituelle.
  2. Faire grandir la foi, les miracles servant à renforcer la confiance en Dieu.

Prudences nécessaires :

  1. Le mystère des guérisons : tout le monde n’est pas guéri, accueillons ce mystère avec foi.
  2. Éviter le spectaculaire : ne pas voir Jésus comme un magicien, mais cultiver une relation spirituelle profonde.
  3. Vivre cela dans l’Église : les dons doivent être exercés dans un cadre structuré pour éviter les dérives.

Je termine sur ce point : un petit groupe est en cours de  formation dans la paroisse pour aider les fidèles à demander la guérison au Seigneur, dans un esprit de foi et de prudence.

 

 

***************