Homélie du Père Olivier de Petiville du 19 janvier 2025

 

Un jour, je suis allé à un mariage et il y a eu un souci : Ils se sont rendus compte au milieu du mariage qu’il manquait une bague pour l’échange des alliances. C’est un peu gênant. Quelqu’un a donc couru chercher où elle pouvait être… On a découvert qu’elle était dans la voiture. Le problème, c’est que la bague était coincée dans un siège et qu’on ne pouvait pas l’enlever. On fait comment ? Heureusement, il y avait la sœur de la mariée qui était là et qui a prêté son alliance. Elle était en effet déjà mariée. Cette bague a donc servi pour le mariage de sa petite sœur. Je vous rassure, quelques jours après, elle la lui a rendue. Mais ça leur a permis de vivre la célébration. Parfois, dans ces situations un peu compliquées, on est content d’avoir quelqu’un pour nous aider. Et je pense que c’est pareil avec cet évangile des noces de Cana. Il n’y a plus de vin. Ça ne le fait pas. Jésus opère un miracle.

Quelle morale tirer de cette histoire ? C’est la question que je me suis posée en préparant cette homélie. La première chose que je me suis dite, quand même, il faut inviter Jésus à son mariage. Et il a bon goût. Il sort du Gevrey-Chambertin : C’est du bon vin. Je me suis dit après, ce n’est quand même pas très profond.

Regardons un peu plus loin. Je me suis dit qu’il y avait un lien entre les noces de Cana et l’Eucharistie. Votre démarche, vous les enfants, c’est de préparer votre première communion. Il y a un lien entre votre demande de première communion et la demande de Marie. C’est la première chose qu’on regardera. Il y a aussi un lien entre le miracle de Cana et le miracle de l’Eucharistie, où le pain est changé en corps du Christ. Et une troisième chose que nous verrons, c’est comment, sur quoi nous appuyons-nous pour croire que Jésus est vraiment présent dans le pain et dans le vin.

 

 

Regardons la demande de Marie. Très belle : “Ils n’ont pas de vin.” Marie pense aux autres, elle ne pense pas à elle. “Ils n’ont pas de vin.” Et la réponse de Jésus est très curieuse. “Femme, que me veux-tu ?” Ça fait un peu misogyne. “Tu n’as pas la parole. Tais-toi. Tu n’as rien à dire.” Non, non, non. Jésus est un homme plein de délicatesse ; pour comprendre cette phrase-là, il faut se mettre dans l’esprit hébraïque. Ce sont des expressions hébraïques qu’aujourd’hui, nous avons du mal à comprendre. Ce que veut dire Jésus, c’est la différence entre sa vie habituelle et sa vie avec le Père du ciel.

Jésus lui dit, “Tu sais, Marie, si tu m’avais demandé de couper le pain, de te rendre un service, bien sûr que je l’aurais fait. Je suis ton enfant bien-aimé et je prends soin de toi. Mais là, tu me demandes quelque chose, de faire un miracle, qui dépend du Père. Je suis son fils avant tout, est-ce que tu te rends compte, Marie, de l’audace que tu as de me demander cela ?” C’est ça qu’il lui dit, en fait, entre les lignes.

 

Et Marie n’a pas peur du tout. Elle a une confiance totale. Elle dit aux serviteurs, “Tout ce qu’il vous dira, faites-le.” Dans la réponse de Jésus, elle entend oui. Elle a confiance. Étonnant. Et Jésus, en effet, va l’exaucer et transformer l’eau en vin.

Mais pourquoi Jésus a-t-il commencé par dire une espèce de non et après il dit un oui ? Il veut éprouver Marie. “Marie, ta demande est immense. Est-ce que tu es bien sûre de ce que tu demandes ? Je vais manifester à tout le monde, en posant ce geste pour la première fois, que je suis le fils de Dieu. Est-ce que tu te rends compte, Marie, de ce que tu me demandes ?” Voilà la façon de faire de Jésus.

Et je pense, les enfants, que ça a un lien avec votre démarche aujourd’hui. Les enfants, est-ce qu’il n’y a pas quelque chose que vous allez me donner aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous allez me donner ? Vous allez me donner une lettre. C’est une lettre pour quoi ? Pour demander la première communion. C’est comme Marie. Vous faites une demande aujourd’hui. Et moi je vous dis qu’on vous invite à faire cette lettre pour être certain que c’est bien ça que vous voulez. Est-ce que je viens simplement pour faire comme mes copains, mes copines, faire ma première communion ? Pour goûter l’hostie parce que ça a un goût qui doit être bizarre ? Est-ce que je viens juste pour ça ? Ou est-ce que je viens pour recevoir Jésus dans mon cœur et régulièrement revenir à la messe pour le recevoir parce qu’il m’invite ? Voilà la demande. Vous voyez, c’est profond.

 

Deuxième lien entre Cana et l’Eucharistie, c’est le miracle. Jésus transforme l’eau en vin. Et pendant la messe, le pain va devenir le corps du Christ. Étonnant ! Alors oui, vous me direz, on voit le pain, l’apparence reste du pain, mais en substance, spirituellement, c’est le corps du Christ qui est là. Il n’est pas là matériellement. Quand je casse l’hostie, je ne coupe pas le doigt de Jésus en deux. Il est présent dans chaque hostie, dans chaque parcelle, bien sûr. Et quand je le reçois, il se fait nourriture et il vient en moi pour me fortifier.

Les enfants, combien de fois on va prendre un repas par jour ? Quatre, si on compte le goûter. Chez les hobbits, c’est cinq ou six. C’est le niveau du dessus. Vous voyez, on prend des repas plusieurs fois par jour parce qu’on a besoin d’être nourri. Notre corps a besoin d’être nourri. De la même façon, notre cœur, notre âme a besoin d’être nourrie. Et quand on vient à la messe, on vient recevoir les forces pour la semaine suivante. C’est cela le sens.

Et Jésus se fait nourriture parce qu’il nous dit : ton cœur est tellement grand que le seul qui peut vraiment le nourrir, c’est moi en personne. Et devant cette merveille, nous vous invitons à vous mettre à genoux, par exemple, pendant la consécration. Voyez, on se met à genoux à ce moment-là. “Ceci est mon corps, ceci est mon sang.” Je me mets à genoux pour dire à Jésus : Jésus, quel grand mystère, quelle merveille. Quand on reçoit Jésus dans la main, le prêtre dit, “Le corps du Christ.” Et vous, qu’est-ce que vous répondez ?  On ne répond pas oui, on répond… On répond « Amen ». Amen, cela veut dire, « je crois » en hébreu. Je crois, Jésus, que tu es présent, que c’est ton corps, le corps du Christ, j’y crois. Et je veux que tu viennes dans ma vie, j’y crois. Je sais que tu vas la transformer, je sais que tu m’aimes. C’est cela le sens.

Et ce que cela vous dit pour aujourd’hui, c’est : Moi, est-ce que je crois vraiment que Jésus est présent ? C’est pour cela que l’on demande à faire la première communion. Je crois que tu es là, Jésus, que tu veux me nourrir, et je veux venir vers toi.

 

Et la dernière chose que je voulais voir avec vous, c’est qu’est-ce qu’il me donne, quel signe est-ce que j’ai de cette vérité de Jésus présent dans le Saint-Sacrement, dans l’Hostie ? D’abord, ce sont les paroles de Jésus. “Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang.” Les paroles sont extrêmement claires.

Il y a une deuxième chose aussi, c’est d’autres paroles de Jésus qui a dit, “Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui.” Et les paroles, encore une fois, sont très claires. Et les Juifs de l’époque ont très bien compris. Ils ont dit, “Mais on ne peut pas te manger, nous ne sommes pas des anthropophages.” Je redis cela avec des mots contemporains, mais c’est cela qu’ils lui disent. Et Jésus dit, “Si. Si vous ne mangez pas mon corps, ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie éternelle.” Jésus insiste très fortement pour leur dire, “Vous avez bien compris, je me rends présent dans l’Eucharistie.”

Une troisième chose, ce sont tous les signes posés par Jésus ; ces miracles, comme celui de Cana. Les disciples crurent en lui, en sa parole. Ils ont vu ce miracle, beaucoup de miracles. Ils nous les ont racontés pour que nous croyions. Et ils ont cru, en raison des signes posés par Jésus, en cet immense miracle, qui est celui de l’Eucharistie. Et nous recevons leurs écrits comme un témoignage. Et c’est sur cela que s’appuie aussi notre foi.

Et un troisième signe que nous donne Jésus, c’est la vie des personnes transformées par l’Eucharistie. J’aime beaucoup la vie d’un petit saint qui s’appelle Carlo Acutis. Alors Carlo Acutis, impressionnant, depuis l’âge de sa première communion, avait décidé d’aller à la messe tous les jours. Waouh ! Quand même !

Il m’impressionne. Et il avait une vie étonnante. Il rayonnait. Ses copains l’adoraient, parce que c’était un garçon qui apportait la joie, qui était au service. C’était aussi un garçon qui, quand il allait dans la rue, regardait toujours à tous les concierges des immeubles, qui étaient regardés de haut dans ce quartier chic. Mais chacun était important à ses yeux, il prenait soin des personnes de la rue, parfois en donnant une petite pièce, surtout en disant bonjour et en discutant.

Carlo Acutis recevait Jésus en lui, et Jésus vivait en lui. Parce que l’Eucharistie, il la vivait avec tout son cœur, Jésus rayonnait en lui. Et pour moi, c’est un signe magnifique de la véritable présence de Jésus dans l’Eucharistie.

 

 

Les enfants, aujourd’hui, vous faites une demande importante. Vous me donnez une lettre pour me dire « Je souhaite me préparer à la première communion. » C’est important, votre démarche. Ça veut dire « Seigneur, je crois que Tu es réellement présent. » « Seigneur, je crois que Tu veux me nourrir, que Tu m’aimes, que Tu veux me rendre heureux. » « Jésus, j’ai envie de venir régulièrement te recevoir. »

Donne-nous, Seigneur, cette foi profonde en l’Eucharistie, en ce miracle incroyable, en cet amour inouï. Tu viens nous rendre visite et demeurer en nous.

Amen.