Chers frères et sœurs, nous voici à la fin de l’année liturgique, nous sommes le 33° dimanche du temps ordinaire ; dimanche prochain ce sera la fête du Christ Roi

Nous venons d’écouter des textes qui nous parlent du jugement. C’est l’heure de rendre compte, de nous interroger comme au soir d’une journée …

 

Nous ne sommes pas habitués à ce langage apocalyptique qui en premier invite à l’espérance dans des temps de détresse, mais aussi à la conversion puisque c’est l’heure du jugement.

Rappelez-vous dans le chapitre 3 du livre de l’Apocalypse : Tu n’es ni froid, ni brûlant – mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant – Aussi, puisque tu es tiède – ni froid ni brûlant – je vais te vomir de ma bouche.

 

Langage pour les moments d’épreuve, dans les moments de tempêtes

Langage où nous nous reconnaissons tous pauvres : et il est bon d’entendre ces textes en cette journée mondiale des pauvres

Nous avons aussi choisi de prier plus particulièrement saint Joseph en ce mois de novembre, pour clore l’année qui lui est dédiée, saint Joseph courageux dans les épreuves …

 

Apocalypse = Révélation, dévoilement …

 

L’Apocalypse annonce certes un temps de détresse ; à chaque grande détresse, on a pu penser que c’était celle annoncée par Jésus …

 

Grande détresse : en fait, toutes les époques ont été marquées par de grandes détresses …  La liste en serait longue …

 

Grande détresse : des êtres qui aiment en traversent ; signe de leur amour

Grande détresse = perte de sens …

Grande détresse dans l’Eglise / d’autant plus que nous désirons que cette Eglise resplendisse et soit au service des petits et des pauvres

 

Comment est-ce que je peux dire : « Je crois en l’Eglise une, sainte … » ?

« Je crois à la sainte Eglise catholique … »

L’Evangile de ce jour nous apporte des éléments de réponse à cette question …

 

Guillaume d’Auvergne, Evêque de Paris au XIII° siècle, disait que tout homme, à la vue de la dépravation de l’Eglise, devait se sentir glacé d’horreur : « Ce n’est plus une épouse, mais un monstre effrayant, difforme et sauvage … »  ; et Dante voyait la prostituée babylonienne assise dans le char de l’Eglise …

Devant cela et devant le péché hélas toujours actuel présent dans l’Eglise, que dire ? La simple raison ne peut que reconnaître que l’Eglise est remplie de pécheurs et le cœur ne peut qu’éprouver une déception sans nom.

 

La réponse la plus classique et que l’on trouvera partout sera de dire : l’Eglise est sainte mais elle est constituée de pécheurs. Ce « mais » semble ruiner l’affirmation que l’Eglise est sainte. C’est quand même bizarre de dire que l’Eglise est sainte si tous les hommes qui la constituent sont pécheurs, non ? D’ailleurs, on ne se prive pas de le dire au début de la messe, le prêtre en tête  (Je confesse à Dieu, je reconnais devant mes frères …)

Bref, pourquoi ensuite soutenir que l’Eglise est sainte ?

 

Hier, en confessant, j’ai mieux saisi ce que cela veut dire … Moi, prêtre pécheur, donne au nom du Christ le pardon a une personne qui a péché. Ce qui, à l’un et à l’autre, peut nous assurer que le pardon est donné, que la grâce « passe », c’est de faire confiance à l’Eglise qui confie à un homme, un prêtre, des paroles pour donner ce pardon. 

Le seul chemin est de croire à cela : la raison défaille devant le péché de l’un et l’autre. 

Je crois que l’Eglise est sainte, qu’elle porte des paroles qui sont vie éternelle (mes paroles ne passeront pas dit Jésus aujourd’hui), que par elle la grâce donne vie et salut.

La sainteté de l’Eglise consiste dans cette puissance de sanctification que Dieu y exerce !

Il faudrait dire : l’Eglise est sainte pour les pécheurs que nous sommes (et non pas malgré eux !)

Je crois …

La sainteté de l’Eglise éclate là où le péché abonde, sainteté de l’Eglise qui se manifeste par ses sacrements, par la Parole qui est proclamée.

 

Ainsi je ne rêve pas à une Eglise de purs, séparés de ce monde ; mais d’une Eglise de pauvres qui cherchent à boire à la source du salut, encouragés par la plus grande partie de l’Eglise, les saints du ciel mais aussi par tous les saints cachés qui sont autour de nous …

 

Si l’Eglise était sainte, faites de saints, de purs et de parfaits, je n’y aurais pas ma place ; et je n’aurais pas personne pour m’y accueillir ni à y accueillir, à y encourager … 

 

De cette sainteté, je dois évidemment puiser pour me convertir ; la brûlure de la sainteté du Christ, et celle que les sacrements me donnent de goûter, loin de me rendre tiède ou paresseux, est là pour me secouer et m’inviter à répondre à cette question : veux-tu être un saint toi aussi ? 

 

Oui, je crois à la sainteté de l’Eglise et cela est infiniment consolant ; sainteté qui consiste d’abord à supporter pour ensuite porter. Car l’Eglise est une famille non de saints mais sainte du don de Dieu qui l’habite, de frères et sœurs dont la fécondité vient de la communion.

Si l’Eglise était une organisation politique, fonctionnelle, appelée à la performance, elle en oublierait le don de la foi qui est fait aux croyants ; elle ne serait plus le lieu de l’espérance ; elle n’aimerait plus … C’est pourquoi l’Eglise est Catholique, c’est-à-dire pour tous ; et qu’elle Une et apostolique, enracinée dans le Christ et les Apôtres.

Oui, l’Eglise est sainte ; et la première des réformes de l’Eglise n’est ni de revenir au passé ni de fuir dans des nouveautés mais bien de boire à la source …

 

La réponse de Dieu dans l’Evangile est de dire que le temps s’arrêtera … Invitation à entrer dans l’éternité et non pas dans ce qui ne fait que passer …. « Ciel et terre passeront, mes paroles ne passeront pas … »

 

Chers frères et sœurs,

L’Evangile nous dit certes un drame : mais aussi la victoire de Dieu au cœur du mal

 

Quant à la fin du combat, nul ne sait quand il aura lieu …

 

C’est le temps du courage et de la persévérance

Temps laissé pour me convertir

Temps laissé pour la rencontre du Christ : Jésus parlait de sa venue : à la porte …

Temps laissé pour choisir la sainteté

 

Dans une Eglise sainte où il y a des pécheurs, temps pour se laisser encourager à l’espérance et pour la sainteté

 

Amen

Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint Pothin Immaculée Conception