« A l’écoute de l’Esprit »

 

Incroyable Paul ! Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère aurait dit Molière ? Voilà que poussé par l’Esprit Saint, il s’est résolu à prendre le chemin de Jérusalem, où l’attendent prison et humiliations. Quelle obéissance à la volonté de Dieu !

Qu’aurions nous fait à sa place ? Que faisons-nous lorsque nous sommes amenés à faire des choix, à prendre des décisions qui nous engagent, qui sont souvent difficiles ? Nous ne pouvons pas rester comme Alexandre le bienheureux couchés dans notre lit à attendre que le temps passe …

Homme ou femme, nous sommes appelés à opérer des choix ; baptisés, nous sommes appelés à discerner ces choix à l’aune de ce qui plait au Seigneur (Ep 5, 10), à l’aune de la mission qui nous est donnée : « rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu ». Discerner n’est pas un algorithme ; c’est le lieu fragile et intime de la rencontre de ma conscience et de la volonté de Dieu dans le respect et l’exercice de ma liberté.

Pour conduire notre existence, Jésus ne nous a pas laissé un manuel où serait consigné ce que nous devrions faire heure par heure, jour après jour ; il nous a laissé son Esprit pour nous guider dans nos choix et dans nos décisions, pour éclairer notre conscience sur ce qui est important (Ph 1, 9) et nous garder des ténèbres. C’est autrement plus exigeant, autrement plus engageant mais c’est la liberté qui nous est donnée, la grâce qui nous est offerte !

A nous de nous mettre sous le regard de Dieu dans la prière, de nous ouvrir à l’œuvre de l’Esprit, de rechercher et demander cette disposition intérieure de liberté et de gratuité à ce que Dieu peut nous dire à travers les Ecritures et les situations que nous vivons. Sans cesse, il nous faut effectivement goûter et ruminer la Parole de Dieu pour y découvrir la parole qui m’est adressée aujourd’hui personnellement, qui me rejoint dans le choix ou la décision à prendre. Qu’est-ce que Jésus aurait fait ma place ? Pas si facile … d’abord parce que Jésus ne fait pas à ma place mais avec moi par l’action de l’Esprit. Alors plus je méditerai les Evangiles, plus je pourrai agir selon l’Esprit de Jésus. Ne soyons pas modérés dans notre consommation de la Parole de Dieu !

Dans ce discernement sur les chemins de Dieu pour chacun de nous, sachons aussi nous appuyer sur nos frères chrétiens, sur nos ainés dans la foi, à l’image de Paul réunissant les anciens d’Ephèse. Nous ne sommes pas chrétiens tous seuls ; c’est une grâce d’être accompagné dans un discernement par des frères et sœurs, quand bien même la décision sera toujours mienne. Personnellement, je peux témoigner combien le groupe d’accompagnement réuni autour de notre couple a été essentiel pour entrer dans l’accueil et l’acceptation libre, entière et éclairée du diaconat. Ne passons pas à coté de cette chance de nous éclairer les uns les autres sous la motion de l’Esprit.

Nous entendons un peu partout que le monde de l’après confinement sera différent, que l’homme va changer … gardons-nous des grandes déclarations ; l’histoire humaine nous invite à la modestie. En revanche, comme le répète à l’envi le Pape François, plus que jamais notre monde a besoin de chrétiens engagés, « des titulaires et non des remplaçants », des chrétiens soucieux d’ajuster jour après jour leur vie à Dieu, mûrissant choix et décisions dans l’écoute de la Parole et le souffle de l’Esprit.

« L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu et par là sauver son âme » (Saint Ignace de Loyola). A chacun de nous, de trouver la manière la plus féconde de répondre à cet appel universel, avec ce que nous sommes, notre histoire, nos fragilités, nos charismes. « Ce que Dieu attend de toi, ce n’est pas que tu choisisses telle ou telle voie qu’il aurait prévue de toute éternité pour toi ; c’est que tu inventes aujourd’hui ta réponse à sa présence et à son appel » (M. RONDET in « écouter les mots de Dieu »).

N’ayons pas peur d’être au rendez-vous de notre baptême, de nous engager au service de Dieu et du monde ; l’Esprit de Jésus nous est donné, il nous précède sur les voies que nous suivrons et si nous nous trompons, il saura nous remettre sur le bon chemin.

Ayons confiance, l’Esprit de Dieu vient habiter notre présent et nous ouvrir un avenir.

Dieu compte sur toi, sur moi, sur nous !

 

Frédéric Subra, candidat au diaconat permanent