En méditation je vous propose un extrait de mes lectures…

 

« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas.

Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. […]

 

Mais l’espérance ne va pas de soi. L’espérance ne va pas toute seule.

Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. […]

 

La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle.

Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance s’avance.

Entre ses deux grandes sœurs.

Celle qui est mariée. Et celle qui est mère.

Et l’on n’a d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention que pour les deux grandes sœurs. […]

 

Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.

Au milieu.

Entre les deux.

Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.

Les aveugles qui ne voient pas au contraire.

Que c’est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.

Et que sans elle elles ne seraient rien.

Que deux femmes déjà âgées.

Deux femmes d’un certain âge.

Fripées par la vie.

 

C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. […]

 

L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera.

Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera

Dans le futur du temps et de l’éternité.

 

Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.

Sur la route montante.

Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs,

Qui la tiennent pas la main,

La petite espérance.

S’avance.

Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner.

Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher.

Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.

Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres.

Et qui les traîne.

Et qui fait marcher tout le monde.

Et qui le traîne.

Car on ne travaille jamais que pour les enfants.

 

Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.

 

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912

 

Abbé Pierre-François Émourgeon, vicaire de l’ensemble paroissial Saint Pothin – Immaculée Conception