Le temps du confinement, une amie m’a confié sa plante, un ficus, en me conseillant de l’arroser toutes les 2 semaines. Cette amie était audacieuse parce que je n’ai vraiment pas la main verte. Ce qui devait arriver arriva : les feuilles se sont mises à jaunir et à pencher piteusement vers le sol. Me doutant que ce n’était pas bon signe, j’ai appelé mon amie en catastrophe. Elle m’a recommandé de l’arroser plus souvent et d’agir en fonction de la sécheresse de la terre. Depuis, je l’arrose toutes les semaines, si bien que le ficus reprend de la couleur ainsi que de la vigueur.
Cette plante est une bonne image de notre vie chrétienne. Le jour où nous sommes baptisés, nous entrons dans la famille des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple entrée, comme en franchissant le seuil d’une maison ou d’un musée mais d’une appartenance véritable : nous devenons membres de cette famille qu’est l’Eglise, nous devenons des membres du corps du Christ. C’est comme si, le jour de notre baptême, nous étions une feuille greffée sur mon ficus.
De quoi cette feuille a-t-elle besoin pour vivre ? Elle a besoin d’eau versée au pied du ficus ; l’eau se transformera en sève, qui irriguera toutes les feuilles. Cette eau, c’est le pain que nous apportons pendant la procession des offrandes à la messe : il se transforme en corps du Christ sur l’autel, corps qui est donné à tous les fidèles.
Ce pain eucharistique vient nous donner des forces pour la semaine qui vient, il fait croître en nous la foi, l’espérance et la charité, pour que nous soyons des chrétiens lumineux, que nous tenions dans les épreuves et soutenions nos frères. De la même façon, la sève vient permettre à chaque feuille de vivre, de garder une belle couleur verte, de capter la lumière du soleil, de telle sorte que la plante tout entière en bénéficie.
Le pain de l’eucharistie vient aussi nous unir plus étroitement aux autres fidèles : recevant le même Christ, nous ne sommes plus des étrangers mais formons une belle plante qui est l’ouvrage du Seigneur. De même, la sève permet aux feuilles de s’attacher plus solidement à la plante et d’éviter de s’en décrocher.
L’eucharistie nous invite donc naturellement à nous tourner vers nos frères en Christ : vers notre voisin de banc, vers cette famille derrière nous, vers cette personne âgée que nous voyons tous les dimanches et avec qui nous n’avons jamais échangé un bonjour. Tous sont nos frères car nous formons un seul corps. Vivons donc les liens que l’eucharistie a façonnés : si un de nos frères souffre, souffrons avec lui, de même que tout le corps souffre quand le pied est entaillé. Si l’un d’eux vit une joie, partageons sa joie, de même que tout le corps bénéficie du beau bracelet que porte un poignet. « Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, pratiquez l’hospitalité avec empressement. Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord les uns avec les autres. Autant que possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. » (Rm 12, 13-18)
Viens Seigneur renouveler notre regard sur notre paroisse, sur chacun de nos frères. Aide-nous à regarder avec tes yeux cette assemblée que nous allons retrouver : à la voir comme ta famille, comme notre famille. Amen.
Olivier de Petiville