« Celui qui mange du pain avec moi m’a frappé du talon » (Jn 13,18)

Cette parole citée par Jésus et qui vient du psaume 41 est d’une violence inouïe …

De fait, il n’y a rien de pire me partageait hier une paroissienne que d’être trahi par ses amis, abandonné par les siens, rejeté, méprisé par ceux qui nous sont proches …

 

Jésus a assumé cela ; il en même fait le moment où il institue l’Eucharistie puisque cette parole qui identifie Judas est prononcée lors de la dernière Cène … Au cœur du plus grand amour manifesté à ses amis, l’un d’eux le trahit … Celui qui mange du pain avec moi me frappe avec le talon …

 

Quelques heures plus tard, au cœur de cette même nuit, Pierre reniera Jésus ; et cela au moment où le coq chante : c’est-à-dire au moment où l’on passe de la nuit au jour ; comme si au sommet de la nuit était le reniement de Pierre et que cela étant fait, Jésus peut entrer dans un jour nouveau … Il a vaincu la nuit …

 

Rien de plus douloureux que l’abandon de ceux qui nous aiment …

Cela peut arriver : par exemple quand dans une cage d’escalier on se détourne de celui ou de celle qui est malade, atteint du coronavirus, lui intimant l’ordre de s’éloigner avant même de lui dire bonjour et de prendre de ses nouvelles … (exemple qui m’a été partagé …)

 

Les réflexes de peur peuvent être inconscients, plus forts que nous, nous faire nous détourner de ceux qui nous sont proches … A nous d’en prendre conscience …

 

Jésus a vécu ce rejet jusqu’à l’intime de lui-même comme si toute la surface de la terre, ou plus encore tout le péché du monde depuis Adam jusqu’au dernier homme était comme un cône renversé par sa pointe sur son cœur : drame d’un péché qui écrase, qui méprise, qui renie, qui trahit …

Jésus a connu cela pour nous sauver …

Et cela par la faute de Judas, Apôtre aimé, visage concret mais aussi par chacun de nous …

 

Alors « lorsque cela arrivera, vous croirez que moi, JE SUIS » (Jn 13,19) …

Car seul « l’ETRE » de Dieu peut tenir face à ce qui anéantit jusqu’à l’être profond …

Car seul « l’ETRE » de Dieu peut affronter cela, peut venir au secours de celui qui est méprisé, rejeté, bafoué …

 

Oui, Dieu est mon rempart, mon secours, mon libérateur, ma forteresse, celui que j’aime (Psaume 17) ; il est « l’ETRE » qui me protège de l’anéantissement, de la crainte de n’être plus rien, du sentiment d’abandon, car IL EST avec moi …

Il me fait être ; il m’empêche de sombrer dans l’oubli, dans l’insignifiance, il me fait exister au sens fort du terme …

 

A moi d’être là, à mon tour,  avec celui qui m’est confié, avec l’ami qui m’est donné …

 

Chers amis, cette période d’épidémie peut nous faire voir nos limites, nos peurs d’être abandonné, de n’être plus, nos faiblesses …

N’ayons crainte de les présenter à Dieu qui est, qui était et qui vient …

Cette période nous invite alors à refuser la peur, la distanciation intérieure, le refus de l’autre pour être à ses côtés et lui manifester que Dieu ne l’abandonne jamais …

 

Oui, ne cédons pas à la peur !

Il est avec nous le Seigneur de l’univers !

Il nous envoie pour être avec ceux qu’il nous confie !

 

                    Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception