« VOIR, JUGER, AGIR »

L’heure du déconfinement approche. Yes !!! Après presque deux mois à demeurer chez soi, chacun de nous va (très) progressivement reprendre le rythme de sa vie. Certes, cela sera encore loin de ce que nous avons connu avant le 17 mars mais c’est un progrès notable.

C’est pourquoi je vous propose de prendre aujourd’hui ou dans les jours ou semaines à venir, seul, en famille ou en fraternité, le temps de relire ce que chacun a vécu pendant ces deux derniers mois, en suivant le triptyque « Voir, Juger, Agir ».

VOIR

Dans un premier temps, nous pouvons simplement poser les faits, dire ce qui a été vécu à l’instar des disciples d’Emmaüs rapportant à l’inconnu qui les rejoignait sur le chemin ce qui s’était passé à Jérusalem.

A n’en pas douter, le 17 mars a marqué un basculement inédit dans nos vies. Alors que nous avions notre rythme, nos occupations, nos programmes bien faits, nos projets organisés pour les semaines et mois à venir, tout s’est trouvé chamboulé.

Après l’excitation des premiers jours face à cette rupture dans nos vies, beaucoup ont connu le découragement, la lassitude, le poids de l’inactivité, la nostalgie de la vie d’avant, la peur aussi face à l’incertitude et l’inconnu de l’après. Des tensions ont traversé nos familles ; l’angoisse pour nos proches, la dureté de la solitude, la maladie ont pu être notre lot quotidien.

Mais des moments de joie ont aussi été partagés, des familles dispersées se sont retrouvées, des couples ont pu se redécouvrir, du temps ensemble. Nous avons pu être acteurs ou témoins de belles initiatives de solidarité et de fraternité, malgré la peur du virus …

Nous avons enfin été bousculés dans notre vie de foi par l’absence de participation à l’eucharistie. Mais combien de découvertes à travers les multiples propositions de la paroisse ou du diocèse ?

Voilà, à chacun de regarder et dire comment il a vécu cette expérience du confinement.

JUGER

Parce que nous sommes croyants, nous sommes invités à dépasser le « voir » pour juger cette expérience à la lumière de l’Evangile, afin d’en discerner le sens profond et y retrouver les pas de Dieu. C’est ce qu’ont vécu les disciples d’Emmaüs à l’écoute du Christ leur expliquant les écritures.

Albert EINSTEIN avait cette phrase « le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito ». De manière certainement provocante, je dirais que c’est un heureux hasard que nous ayons eu à vivre confinés pendant le carême puis le temps pascal. C’est en effet à la lumière de la Croix et de la Résurrection que nous sommes invités à relire ce que nous avons vécu pendant le confinement : de l’abaissement de Dieu dans la mort de l’homme à l’élévation de l’homme à la vie de Dieu. Il y a là nos découragements, nos doutes, nos peurs auxquels Dieu répond par l’espérance, la confiance et la vie.

Pour conduire cette étape du discernement, je vous propose de vous appuyer sur l’Evangile des Béatitudes (Mt 5, 1 – 12), dont le titre pourrait être « Heureux ceux qui participent au mystère de la Croix, la résurrection leur est promise ».

Heureux les pauvres en esprit, les affligés, les doux, les affamés de la justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice : est-ce que ce confinement n’a pas été pour nous l’occasion de vivre l’une ou l’autre de ces béatitudes, à travers nos craintes, notre lassitude, nos tensions, … ? N’avons-nous pas été, à un moment ou à un autre, assoiffés de justice, artisans de paix, miséricordieux ?

AGIR

Après avoir reconnu Jésus, les disciples d’Emmaüs sont repartis à Jérusalem transformés par leur rencontre avec le Ressuscité. De même, nous sommes invités à retrouver notre quotidien le 11 mai transformés par l’expérience du confinement comprise à la lumière de la foi, éclairée par la Croix et la Résurrection. Le monde a besoin de baptisés ! C’est ce que le Christ nous enseigne à la suite des béatitudes : « vous êtes le sel de la terre, (…), vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13, 14). C’est dire que chacun de nous est appelé à être dans le monde serviteur : serviteur de ses frères, serviteur des œuvres de Dieu.

  • Serviteur de nos frères : si nous voulons donner le goût de l’Evangile, il nous faut nous mettre au service de nos frères selon nos possibilités et nos talents. Le Père Guerre nous invite à vivre particulièrement cette dimension du service au cours des prochaines semaines (voir l’édito de dimanche). Soyons au rendez-vous de notre vocation ! Et au-delà, c’est bien chaque jour de notre vie, là où nous sommes engagés, que nous devons revêtir le tablier de serviteur.

 

  • Serviteur des œuvres de Dieu : la lumière de l’Evangile ne fait pas de nous des rois Soleil mais nous donne d’éclairer l’œuvre de Dieu qui s’accomplit. Remettant notre vie entre les mains du Père, Il nous appelle à être ses mains dans le monde. Ne cherchons aucune gloire ou récompense : tout appartient à Dieu. C’est seulement à la mesure de notre humilité, de notre modestie, de notre sobriété, de notre fidélité, de notre authenticité, de notre confiance et de notre espérance que l’œuvre de Dieu sera reconnue et célébrée.

Chers amis, je vous invite et vous encourage à prendre ce temps de relecture ; à travers ce que vous avez vécu et à la lumière de l’Evangile, vous trouverez l’amour de Dieu qui vous accompagne jour après jour et vous appelle à le servir en servant vos frères, dans la confiance et l’espérance.

 

Frédéric Subra, candidat au diaconat permanent