Ce dimanche, matin, au petit déjeuner, Olivier posait cette question : « Pourquoi le dimanche du bon Pasteur est-il situé là, dans le temps pascal, plus précisément le 4° dimanche de ce temps pascal ? »

Voilà une belle question qui va nous donner de mieux entrer dans ce temps pascal que nous vivons …

 

Regardons tout d’abord les deux fêtes qui encadrent ce temps de Pâques :

 

La fête de Pâques : c’est une fête de prémices, une fête où le livre du Lévitique nous dit qu’il faut offrir la première gerbe ou le premier agneau au Seigneur (cf. chapitre 23) C’est une action de grâce pour la moisson qui vient, pour le troupeau qui commence à donner ses premiers animaux.

Par ce sacrifice le croyant affirme que tout vient de Dieu et que nous lui donnons ce qu’il y a de meilleur, les prémices de la récolte ou du troupeau,(quitte à ce qu’il n’y ait rien après).

Dans l’Evangile cette démarche nous est rapporté : en échange de leur premier né (que l’on ne saurait offrir lui-même) les parents de Jésus offre deux petites colombes ou un couple de tourterelles.

A Pâques, c’est le Christ qui constitue les prémices du salut, de la victoire sur la mort. C’est lui qui le premier s’est offert en sacrifice, le premier qui est ensuite rempli de la vie même de Dieu, de la vie que son Père lui donne …

 

La fête de Pentecôte : c’est la fin de la récolte ou la fin de la naissance des nouveau-nés du troupeau.

Pour cette fête d’action de grâce un nouveau sacrifice est offert au Seigneur.

C’est l’Eglise qui est tout entière habitée par la vie de Dieu, la vie de l’Esprit, qui rend grâce et qui s’offre au Seigneur.

La résurrection du Christ, la puissance de sa vie nouvelle est venue emplir le corps tout entier du Christ, l’Eglise.

Ainsi elle est un nouveau « Christ » … offerte au monde.

 

Le mouvement qui va de la fête de Pâques à la fête de la Pentecôte est donc comme une irrigation ou un envahissement de cette vie nouvelle du Christ ressuscité depuis les Apôtres Pierre et Jean jusqu’au chrétien le plus caché, le plus éloigné …

 

Le premier dimanche de Pâques (le jour de Pâques) : ce sont Pierre et Jean au tombeau qui se laissent rejoindre par la bonne nouvelle de la Résurrection.

Le deuxième dimanche ce sont Thomas et les onze Apôtres qui accueillent le Ressuscité et sa vie.

Le troisième dimanche de Pâques, ce sont les 12 Apôtres et d’autres disciples : disciples d’Emmaüs et avec eux tous les disciples du Christ (les 72 …)

Le quatrième dimanche, dans ce mouvement de déploiement, ce sont donc les Evêques et les prêtres, par la grâce du Pasteur, qui sont appelés à donner cette vie nouvelle (avec la lecture du chapitre 10 de Saint Jean, en trois parties sur les trois années liturgiques).

Ce sont eux qui font le « lien » entre les Apôtres et l’Eglise aujourd’hui

Les cinquièmes et sixièmes dimanches du temps pascal nous introduisent dans le discours de Jésus après le lavement des pieds : le Christ y fait la promesse du don son Esprit Saint pour irriguer le fond des cœurs, toute l’Eglise (année A) …  Il nous invite à être greffé sur lui pour tous porter du fruit (année B) et à nous aimer les uns les autres (année C) ce qui est la marque de l’Esprit Saint …

Le septième dimanche Jésus prie pour que nous demeurions dans l’unité (lecture du chapitre 17 de Saint Jean en trois parties) ; ainsi l’Eglise témoignera de Dieu …  Cette Eglise ne peut rester repliée sur elle-même. A travers la prière pour l’unité, c’est bien pour l’Eglise que Jésus prie.

 

Ainsi ces 7 dimanches montrent bien cet itinéraire qui va du Christ à son Eglise, Eglise qui est « le Christ continuée », Eglise fondée sur les Apôtres, Eglise à qui Jésus donne des pasteurs pour que sa grâce soit reçue à la suite des Apôtres, Eglise qui trouve son sommet et sa joie dans ses disciples qui vivent dans l’amour et dans l’unité qui est celle de Dieu lui-même.

Ainsi est construit le temps pascal …

 

Voilà pourquoi ce 4° dimanche est celui du bon Pasteur : les prêtres ne sont pas la finalité de l’Eglise ; le Christ est au service de son Eglise dont il a fait son Epouse ; et cela par la médiation des prêtres.

Ce qui constitue le sommet du projet de Dieu c’est que toute l’Eglise, au service du monde, soit pleinement vivante de son Esprit Saint.

Ainsi tournons-nous vers la fête de Pentecôte !

 

Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception