« UN SEUL CŒUR ET UNE SEULE ÂME »

La première lecture de ce jour nous dresse un tableau idyllique de la première communauté chrétienne : un seul cœur, une seule âme et une mise en commun totale des biens ! Bien évidemment, ce texte interroge nos communautés d’aujourd’hui qui peuvent, par certains côtés, apparaître assez éloignées de ce que vivait l’Eglise primitive.

Une réaction rapide pourrait, certes, nous conduire à prendre ce texte à la légère et à l’écarter un peu vite ; après tout, il est facile d’être d’un seul cœur et d’une seule âme quand l’on partage la vie des Apôtres qui sont les témoins directs du Christ ressuscité ! C’est une toute autre affaire pour nous qui vivons plus de 2000 ans après. Et il n’est pas si compliqué de renoncer à la propriété individuelle quand on s’attend au retour imminent du Christ pour entrer avec lui dans l’Eternité ! L’histoire nous montre que ce retour n’est pas si imminent que cela …

Il serait bien dommage de s’arrêter à une telle lecture !

Car ce texte nous invite (re)découvrir qu’aujourd’hui comme hier, nous sommes un seul cœur et une seule âme. Oh non pas en raison de notre capacité à bâtir une quelconque société utopique mais parce que, baptisés, nous tenons notre unité de Jésus-Christ et de l’Esprit Saint qui nous est donné. Par le baptême, qui nous unit à la mort et à la résurrection du Christ (Rm 6, 4-5), chacun de nous devient un membre du corps du Christ ; ensemble, unifiés par le Christ, nous formons un seul Corps (LG 7). En ces jours de confinement où ne pouvons pas communier, il est bon de se rappeler que nous sommes le Corps du Christ, unis à Lui par l’action de l’Esprit Saint. Peu importe la distance qui peut nous séparer les uns des autres, peu importe que nous soyons seuls, en famille ou entre amis, que nous soyons évêques, prêtres, diacres ou laïcs, que nous soyons vivants ou déjà auprès du Père, nous sommes ensemble, par notre baptême et en communion avec le Christ ressuscité, un seul cœur et une seule âme.

Mais la lecture des Actes des Apôtres nous invite aussi à revisiter la manière dont nous vivons au quotidien cette communion. Rend-elle réellement et avec puissance témoignage de la résurrection du Seigneur ? Comme un écho à cette lecture, le catéchisme de l’Eglise catholique nous enseigne que l’unité du Corps produit et stimule entre les fidèles la charité (§ 791). Qu’en est-il de notre communauté ? Il est évident que les initiatives pour vivre fraternellement les uns avec les autres sont réelles et nombreuses. Mais nous pouvons aussi reconnaître que le chemin de l’unité et de la charité n’est jamais achevé et que nous pouvons encore faire beaucoup pour nous accueillir les uns les autres avec nos charismes propres et nos différences, avec nos qualités et nos défauts, avec nos forces et nos faiblesses, nos richesses et nos pauvretés.

« Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé » (Jn 17, 22 -23).  En ce temps pascal, demandons à Dieu la grâce de vivre toujours davantage dans l’unité et la charité du Christ afin de témoigner de sa Résurrection ! Et puisque chacun de nous se prépare au déconfinement, je vous propose de prendre, aujourd’hui, un temps pour réfléchir à la manière dont nous pourrons demain exprimer concrètement cette unité et cette charité au sein de notre communauté paroissiale, les gestes et les paroles à inventer et à prodiguer pour que chacun se sente accueilli et reconnu, à commencer par celles et ceux qui se tiennent au seuil de nos églises. Puisse l’Esprit du Ressuscité nous y aider !

Frédéric Subra, candidat au diaconat permanent