Comment renaître de nouveau ?

Quand nous entendons cet évangile de la rencontre de Nicodême avec Jésus, spontanément nous pensons au sacrement du baptême. En effet, Jésus semble exprimer clairement que l’on ne peut accéder au royaume sans avoir reçu le sacrement de l’eau et de l’Esprit. Et qu’il nous faut renaître,  en recevant le premier des sacrements qu’est le baptême, pour accéder à la vie éternelle. « Un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère pour renaître ? » (Jn 3,4) La naissance d’en haut dont parle Jésus à Nicodême, c’est celle qui nous fait devenir en plénitude enfants de Dieu  dans le Christ, le Fils unique. En étant associés à son passage de la mort à la vie, à sa Pâques, à sa victoire sur le péché et sur la mort,  en ayant part à sa résurrection.

 Oui. Il est possible quand on est « vieux », de naître du baptême. Il y a actuellement 149 catéchumènes adultes, dont plus d’un tiers de moins de trente ans, qui se sont avancés et préparés depuis deux ans pour recevoir le baptême à la Vigile Pascale. Ne les oublions pas dans notre prière, ce sont nos frères et nos sœurs. Leur démarche en vue du baptême est comme suspendue aux évènements actuels. Prions pour que soit fortifié leur être intérieur dans cette épreuve supplémentaire sur le chemin qui les a conduits jusqu’à la porte de la vie en Christ.

 Chemin qui n’a pas été sans combat, sans doute, sans inquiétude, et qui doit, malgré eux, malgré l’Eglise, se  poursuivre encore ces semaines prochaines. Prions pour que ils ne se découragent pas, qu’ils puissent persévérer dans l’espérance de connaître bientôt la joie d’appartenir pleinement à notre Sauveur et notre Dieu en devenant membres  de son Eglise. Pour accueillir en eux la joie et la force du Ressuscité.

Mais il est possible de comprendre cet évangile dans un deuxième sens, complémentaire. Et de répondre à la question de Nicodême : « Peut-on naître de nouveau quand on est vieux ? »

Ce dialogue et cet échange entre Jésus et Nicodême, ne peut pas ne pas nous faire penser à un autre sacrement. Celui qui justement permet de répondre OUI à la question posée par Nicodême. Oui il est possible de renaître à tout âge de la vie, quel que soit notre âge, même si l’on est déjà chrétien de longue date. En effet, dans l’évangile, hier, du dimanche de la Miséricorde Divine, nous avons vu Jésus, apparaissant  le soir de la Résurrection à ses disciples calfeutrés, leur donner sa paix, et immédiatement après leur donner le pouvoir et la mission de remettre les péchés. C’est dire à quel point ce don que le Ressuscité veut leur conférer est important et essentiel à ses yeux. En fait, il couronne l’opération de salut de Jésus, tout son parcours depuis l’incarnation jusqu’à sa Passion, sa mort sur la croix, et sa résurrection. Jésus a répété tant de fois  ne pas être venu pour condamner mais pour sauver. Et sauver de ce qui aliène le plus l’homme et l’humanité entière. Jésus est venu prendre sur lui tous les péchés du monde, pour nous en libérer.

C’est pour cela qu’il a été condamné. Quand face au paralytique descendu par le toit par ses compagnons, Jésus va lui dire « Tes péchés sont pardonnés » (Luc 5,20), les pharisiens et les scribes présents vont dire : « Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ? Dieu seul a le pouvoir de pardonner les péchés ! » Et de là ils vont accuser Jésus de blasphème, se prétendant Dieu alors qu’il n’est « qu’un homme ». Mais Jésus va enfoncer le clou et les convaincre de son autorité. « Qu’y a-t-il de plus facile : dire tes péchés sont pardonnés ou bien de dire lève-toi à ce paralytique et marche ? » (Mc 2,9) Et joignant l’acte à la parole, il relève d’une parole le paralytique qui retrouve la marche.

Pardonner les péchés c’est un acte réservé à Dieu. Ses détracteurs ne pourront le laisser prétendre en avoir le pouvoir et la mission, qu’il ne pourrait avoir reçue que de Dieu, et donc serait son envoyé. La jalousie à son égard fera le reste : ils décideront de l’éliminer.

Ainsi cet évangile de la rencontre entre Nicodême et Jésus nous ouvre au pardon des péchés à travers le baptême  comme à une naissance à notre identité de fils et filles de Dieu ; mais le baptême ne peut être réitéré. Pour connaître la joie de re-naître chaque fois que nécessaire tout au long de notre vie, le Seigneur a conféré à ses apôtres le sacrement de la pénitence et de la réconciliation.

 

 

Le sacrement de la réconciliation : compagnon de route  de notre baptême.

Pourquoi se confesser ?  Visitons quelques raisons de recourir au sacrement de la réconciliation, qui se révèle si précieux compagnon, inséparable de notre baptême.

Pour restaurer en nous l’état et l’éclat premiers de notre baptême.

Si le Ressuscité offre les clés du pardon des péchés à ses apôtres, et les envoie (Jn 20,23) comme ouvriers de la Miséricorde, c’est bien pour nous faire comprendre que le pardon des péchés n’est pas moins qu’une … résurrection. C’est ce qu’illustre l’épisode du paralysé descendu du toit.

Le sacrement du pardon remet à neuf ma capacité d’amour et ma capacité à me laisser aimer. Le sacrement du pardon me ressuscite, me replongeant dans l’état initial qui était le mien au jour du baptême, en chassant les pierres accumulées qui obstruaient la source de mon baptême : la grâce peut alors couler à nouveau à flots. Et mon cœur, aimer à nouveau à neuf, dans la lumière. Je suis à nouveau aussi neuf qu’au jour de mon baptême.  Mon cœur retrouve l’état et l’éclat originaux de mon baptême.

« Avouer les fautes commises, disait Tertullien, allège autant que les dissimuler appesantit. » (cf. Op. Se confesser à l’école des saints, p 98)

Pour ressusciter après une faute qui m’effraie

moi-même et recevoir le courage et la force de réparer ce qu’il m’est possible de réparer. Et redécouvrir que quand une faute est jetée dans le brasier de l’amour miséricordieux de Dieu, d’une part le poids de cette faute est enlevé de mes épaules si j’ai un repentir complet et sincère (et si je fais ce qui est en mon pouvoir pour réparer le mal commis, ce qui n’est pas toujours possible) ; et Dieu, d’autre part, va, par sa grâce toute-puissante, Lui-même, dans le mystère de la communion des saints, travailler à la guérison des victimes et à la réorientation des effets de mes actes.

Dieu lui-même va compléter le peu que je pourrai  –  et donc devrai faire humainement –  en poursuivant dans sa toute-puissance le renversement du cours des conséquences de mes actes mauvais, et répandre largement, là où j’aurais semé des semences de mort, des semences de Résurrection. Lui seul peut réparer l’irréparable. A condition que nous Lui en donnions la permission, en nous dépossédant de nos actes, et en lui abandonnant jusqu’aux répercussions inaccessibles de nos fautes. Lui seul peut mettre un terme à cet enchaînement, et retourner en bien ce qui aurait été à seule vue humaine un incendie incontrôlable.

En me confessant, je déclenche la toute-puissance de Dieu qui, de par sa Miséricorde, prend le relais et va œuvrer comme je ne l’imaginerais même pas, pour guérir les cœurs blessés par mon agir, recréer des liens détruits, me redonner peu à peu une estime de moi-même, plus forte que le poids de mes fautes passées. Je ne m’estimerai plus pour ce que je puis penser de moi-même, mais parce que je me recevrais du regard que Dieu posera sur moi, et qui est toujours un regard Créateur, recréateur.  

Pour rester humble devant Dieu,

et se présenter à Lui, devant Lui à travers son ministre, pour lui manifester que nous nous savons fondamentalement dépendants de son amour et de sa miséricorde. La miséricorde du Père, c’est sa capacité à toujours savoir s’accorder à  notre misère, quelle qu’elle soit. Son cœur sera toujours assez grand, assez large, assez profond pour y enfouir nos déchets, ce que nous ne savons pas où porter, ou larguer, ou comment nous en débarrasser tellement cela colle à notre peau. Mon péché peut parfois tellement m’habiter, que j’ai le sentiment qu’il me suit partout, ou plutôt, que tous le voient dans la rue, même si je l’ai dissimulé au fond de ma conscience. Ces péchés là, nous ne réussirons pas à nous en débarrasser tout seuls.

Il nous faut l’aide de Celui qui seul qui peut nous en décharger en les ayant déjà tous pris par avance sur Lui, au point qu’Il me dit : « Celui-là, donne-le moi aussi, Il m’appartient, je l’ai déjà racheté, c’était il y a deux  mille ans, avant même que tu le commettes. Si, je t’assure, il m’appartient. J’en ai payé le prix. Tu n’as plus rien à payer pour t’en débarrasser si ce n’est de consentir à ce qu’il ne t’appartienne plus, et de me laisser en faire ce que je veux. De ton péché, je peux faire, depuis ma Passion et ma résurrection, de ton péché même je peux faire une source de vie et de joie et de paix. Il suffit de croire. Veux-tu croire à ma parole, à ce que je t’annonce aujourd’hui ? Il n’y a pas de péché que tu puisses commettre que je ne puisse transformer en semence du Royaume. Il suffit de ton consentement. Veux-tu te laisser aimer jusque là ? »

Régulièrement, sachant que les pousses de mauvaises herbes même toutes petites ont tendances à revenir,  je reviendrai au sacrement de l’alliance pour me replonger dans la fontaine de mon baptême, demander au Seigneur les grâces qu’il m’a préparées pour faire face à mes responsabilités en enfant de lumière ; pour qu’il fortifie en moi ce qui est digne du fils, et retire de mon cœur ce qui lui est contraire.

La messe est aussi le lieu où nos péchés « quotidiens », « véniels » (c’est-à-dire pas les plus graves, dits « mortels ») sont brûlés au feu eucharistique. Il est donc bon de vivre le plus souvent possible, en terme de rémission des péchés, l’eucharistie. Cependant, cela ne dispense pas de prendre l’habitude d’une confrontation directe et personnelle avec le Seigneur pour lui donner d’agir de façon plus complète et plus personnelle, plus profonde. Rencontrer personnellement le Christ dans la personne de son ministre c’est une chance extraordinaire. J’aimerais, se dit-on à soi-même parfois, te voir Seigneur Jésus, te parler et t’entendre me parler.  C’est dans le sacrement de la réconciliation que tu me promets d’être là pour moi tout seul, rien que pour moi, à travers ton ministre, même s’il est pauvre, fatigué, déprimé, ronchon, tu es là quand il me donne l’absolution de tous mes péchés. C’est Toi qui agis en lui, pour moi. Tu me ressuscites « Lève-toi, et marche ! Prends ton brancard, et rentre chez toi. Va ta foi t’a sauvé. » Une grande paix s’instaurera dans mon cœur, et je l’emmènerai avec moi. Elle se diffusera à travers moi, elle fera son œuvre autour de moi.

Pour devenir moi-même capable de pardonner.

Plus j’accueillerai pour moi-même le pardon de Dieu, plus mon cœur sera incliné à pardonner, à donner à mon tour ce que j’aurais reçu à profusion. Car j’aurai expérimenté la surabondance de son pardon, elle débordera de mon cœur, presque à mon insu ; presque sans me coûter je pardonnerai de tout cœur à mon tour.

Si nous ne pouvons pardonner, et c’est parfois bien légitime, commençons par demander pardon au Seigneur dans le Sacrement de la Réconciliation, d’effacer tous nos péchés y compris notre incapacité actuelle à pardonner. C’est dans la mesure où je recevrai son pardon pour tous mes manques d’amour autres que cette difficulté à pardonner que cette difficulté à pardonner sera comme engloutie par le flot de la miséricorde divine et s’évanouira un jour, à ma plus grande surprise. J’aurais le cœur tellement « grand comme ça ! » comme disent les enfants, tellement agrandi que j’aurai  presque envie de demander pardon   à celui qui m’a offensé    de n’avoir pas su l’aimer en retour de son mal, indépendamment du mal qu’il me causait. « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent et vous serez les fils du très-haut, Lui qui fait luire son soleil sur les bons et les méchants, indistinctement. » (cf. Lc 6, 27.35b ; Mt5,45)

Une autre raison de se confesser :   par Charité

« Le sacrement de pénitence et réconciliation (cf. Orientations pastorales diocésaines, Pâques 2013)  est un sacrement pour le monde. » Elles précisent : « Chaque fois qu’une personne reçoit sacramentellement le pardon de Dieu, cette grâce se répercute d’une certaine manière sur les autres. »    Nous sommes un corps, chacun de nous est membre du corps de l’Eglise, et au-delà membre de la famille humaine. Quand un membre est sain et saint, c’est tout le corps qui est rendu en meilleure santé, rajeuni, sanctifié. Plus je recevrai le pardon de Dieu, plus mon cœur sera sanctifié, et tout le corps de l’Eglise s’en trouvera quelque part quelque peu allégé, sanctifié, et l’humanité avec. Si je reste alourdi par mes fautes, j’aurais beau les cacher, les masquer pour ne pas en faire peser apparemment le poids sur les autres, j’alourdirai cependant la marche du monde, la marche de l’Eglise.

C’est donc charité, et c’est un réel devoir de charité que d’aller déposer ses poubelles dans le feu miséricordieux du Seigneur plutôt que de continuer à les trimbaler partout avec moi, invisibles poubelles mais qui n’en sont pas moins là, présentes à tout ce que je vivrais, même si je cherche à les oublier.

Et, dans cette situation, je ralentirai la marche de ceux que j’aime, du monde, de ma famille, de mes amis, de mes collègues car je ne serai pas transparent à la grâce, subsistant coincée comme elle peut,  en moi, mais qui aura du mal à se faufiler pour apparaître au grand jour au profit de ceux sur lesquels elle devrait rayonner, redonnant espérance, courage, joie à ceux qui en manquent. Quand la lampe sur le lampadaire est voilée, la lumière dissipée est faible, peu utile, et ne participe plus à l’embellissement du monde. Notre vocation est d’être lumière en ce monde à la suite de Jésus, La Lumière du monde.

Il est essentiel d’aller régulièrement nous recharger de la lumière véritable, celle de la divine miséricorde. Nous sommes tant préoccupés, journellement, de penser à poser nos téléphones sur leurs chargeurs pour qu’ils ne risquent pas de manquer d’énergie, et nous ne penserions pas nécessaire de nous rebrancher régulièrement à la source de notre baptême, la miséricorde divine ? Ce serait se faire illusion. Et une absurdité. Comment pourrions-nous vivre « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » si nous ne commencions pas par nous recharger, nous laisser remettre à neuf, remodeler, recréer par la Miséricorde du Père et remplir totalement par elle dans l’Esprit-Saint ?

Une autre raison de se confesser : c’est  raviver ma joie et  la joie du sacerdoce.

Le prêtre a donné sa vie pour pouvoir donner le pain de vie et donner le pardon de Dieu. Ce sont là ses plus grandes joies. Dans le sacrement de la réconciliation, il vous met au monde à nouveau, il vous recrée, il participe de l’acte recréateur de Dieu. Il est associé à ce que Jésus faisait aux côtés de son Père quand Dieu a décidé de créer le monde et tout ce qui l’habite. Le confesseur voit, médusé, ébloui, la grâce passer à travers lui, et relever, ressusciter, faire ce qu’aucune parole humaine n’aurait pu produire.

Lui aussi ressuscite en quelque sorte, dans son sacerdoce, chaque fois qu’il donne le pardon de Dieu ; cela lui révèle le sens profond de sa vocation qui est d’être livré pour servir la vie de ses frères, pour faire gagner la lumière là où les ténèbres les plus obscures paraissaient l’avoir emporté. Allez vous confesser, vous ressusciterez, en quelque sorte, par ricochet, la vocation ultime de vos prêtres, la joie de leur sacerdoce. « Il y a plus de joie dans le cœur d’un confesseur pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion » pourrait-on écrire en paraphrasant le verset de l’évangile parlant de la joie des anges au ciel pour un seul pécheur qui se convertit. (Lc 15, 7)

Enfin autre raison pour se confesser :   faire échec au Malin.

Le plus grave dans le péché, même s’il a atteint terriblement le cœur de Dieu, le plus grave c’est sa suite  : Satan ne cherche qu’à nous convaincre que ce que nous avons commis est irrémédiable, sans issue, que ce que nous avons déconstruit  est définitivement perdu, qu’on ne peut revenir en arrière, qu’il n’y a plus qu’à se résigner à ne voir d’autre horizon que notre faute, qu’il est vain  d’espérer ou d’attendre que  quelque chose resurgisse  de l’ordre de la vie là où nous avons semé la mort. Et donc qu’il nous faut accepter de vivre désespéré ; et qu’il nous faut penser qu’il n’y a aucune échappatoire  possible à la désespérance,  à notre désespérance,  et que la seule voie est celle du désespoir, et de désespérer définitivement de nous-mêmes.

Voilà où veut nous conduire et nous enfermer Satan : qu’il n’y ait aucune porte de sortie à nos fautes. Pour que nous mourrions, desséché, seul, dans notre cachot intérieur. Jusqu’au suicide. La grande victoire de Satan : ce serait  de nous amener à tellement désespérer de nous-mêmes que nous en arrivions à nous détruire nous-mêmes. Lui, homicide et père du mensonge depuis les origines, jubilerait à l’idée que nous puissions devenir notre propre homicide.

Jésus est venu briser, pulvériser cet engrenage que propose Satan  à notre péché : Jésus nous révèle qu’il n’y a pas de péché qui ne puisse être effacé, oublié, et même retournéen source de vie ! de paix  et de joie ! Quel plus grand péché en effet que d’avoir crucifié l’Amour Innocent ?

La Croix, par la Miséricorde du Père, est devenue, d’instrument de torture et d’exécution, arbre de Vie, fontaine de Salut de toute l’humanité.

D’où l’importance de prendre la résolution  et de s’y tenir de se confesser à un rythme régulier, indépendamment de mes envies du moment. Car soyons assurés qu’il y en a un qui saura toujours nous suggérer  de bonne raison de ne pas aller recevoir le pardon sacramentel, qu’il n’y a rien de grave ces dernières semaines, ou ces derniers mois, que je ne vois pas ce que je pourrais dire, qu’en plus je ne sais pas sur quel prêtre je pourrais tomber, que ce n’est pas possible de trouver ce créneau de temps, que je suis fatigué,  que ma femme ne comprendrait pas que je m’absente au total une heure, que mes enfants me réclament, etc.

 

Conclusion

Plus nous aurons les pieds de plomb pour aller vivre le sacrement de réconciliation, plus c’est bon signe. Et après coup, si nous estimons  qu’il ne s’est pas passé grand-chose dans l’échange avec le prêtre, que ci, que ça, sachons que nous ne verrons qu’au paradis ce qu’aura produit de fruits de vie cette confession en nous et autour de nous, à notre insu, ne serait-ce que parce que ce prêtre-là aura prié pour nous après coup, sans que nous le sachions et pour tout notre entourage.

Cela aura peut-être permis de couper  telle ou telle infime pousse  de mauvaises herbes, à son début,  et l’aura empêchée de croître et de devenir une plante grimpante. Il est bon de passer régulièrement la tondeuse sur le gazon de notre âme, sans attendre d’y voir distinctement les broussailles qui auraient essayé d’y repousser.

Car dans l’attitude du joyeux pénitent, la première vertu entretenue sera l’humilité. Et l’humilité jaillie d’un cœur qui dit à un frère en humanité : «  Je viens dire au Seigneur, à travers vous, prêtre, que je suis un pécheur ne serait-ce que parce que j’ai trop peu rendu grâce au Seigneur pour toutes les grâces dont il m’a fait bénéficier.»

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« En sortant du confessionnal, dit le Pape François, nous ressentirons la force de Jésus qui redonne la vie, et restitue l’enthousiasme de la foi. Après la confession, nous serons nés à nouveau. » (homélie du Pape François, liturgie pénitentielle, 13 mars 2015 )

 « Il n’y a aucun péché que Dieu ne puisse pardonner !  Aucun ! » (Pape François, Recommandations à l’usage des confesseurs et de qui se confesse, 12 mars 2015)

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Le Pape François écrivait dans son homélie hier pour le dimanche de la Divine Miséricorde : 

« Jésus a dit à sainte Faustine : ‘’Il n’est pas de misère qui puisse se mesurer avec ma miséricorde’’ (Journal, 14 septembre 1937).

« Et lui dit avec douceur :  ‘’Tu ne m’as pas offert ce qui t’appartient vraiment.’’  ‘‘Ma fille, donne-moi ta misère’’ (10 octobre 1937). Nous aussi, nous pouvons nous demander : ‘‘Ai-je donné ma misère au Seigneur ? Lui ai-je montré mes chutes afin qu’il me relève ?’’ Ou alors il y a quelque chose que je garde encore pour moi ? Un péché, un remords … Le Seigneur attend que nous lui apportions nos misères, pour nous faire découvrir sa miséricorde. Là Dieu devient mon Dieu, là on recommence à s’accepter soi-même et à aimer sa propre vie.

« Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile. Avec lui, nous nous redécouvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde. » (Pape françois, 19 avril 2020)

Jean-Paul Grouès, diacre permanent de la paroisse