5ème dimanche carême
Au fur et à mesure que le carême avance que la Passion de Jésus approche, la liturgie nous replace dans l’espérance en nous rappelant ce qu’est l’espérance chrétienne.
Il faut rappeler que l’espérance chrétienne n’est pas l’espoir de l’absence de mort ou de souffrance.
En effet, pour le chrétien la mort n’est pas la fin. Nous croyons en la résurrection et en la vie éternelle. Toutefois à peine plus de la moitié des catholiques pratiquants croiraient en la résurrection selon des sondages.
Saint Paul nous rappelle cependant que si le Xt n’est pas ressuscité notre foi est vaine.
Mais la foi ce n’est pas la certitude, c’est un acte de l’intelligence, de la volonté, du cœur. Il faut alors nous rappeler que le Seigneur lui-même a connu nos combats. Il n’y a été étranger en rien.
C’est le récit de notre évangile.
Jésus se rend à Béthanie c’est-à-dire chez ses amis : Marie, Marthe et Lazare.
Ce dernier se meurt et Jésus reste volontairement passif.
Puis Jésus prend la résolution de montée en Judée, à Jérusalem, tant pour rejoindre ses amis, que pour s’offrir lui-même. Les disciples le comprennent très bien, d’ailleurs : « Thomas dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
Avant de mourir, le Seigneur veut leur montrer qu’il est maître de la vie et de la mort, comme lors de la Transfiguration où il leur montra qui il était vraiment.
Celui qui va au-devant de la mort veut auparavant voir la mort lui-même et aider ses amis à vivre cette épreuve.
Jésus part à la rencontre de cette la famille endeuillée. Jésus veut ressentir comme un être humain ce que l’on ressent lorsque nous perdons un proche.
Face à ce mystère de la mort, les 2 sœurs ont une approche qui leur est propre.
Chez Marthe l’identité théologique de Jésus est très nette, elle a une foi très claire, elle voit en Jésus celui qui réalise l’espérance du peuple juif. Elle croit en ce messie, cet envoyé de Dieu, ce Jésus qui est venu nous rejoindre en tout pour retrouver l’humanité qui s’était éloignée de Dieu.
Elle interpelle Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Ce n’est pas tant un reproche qu’un constat. C’est la vérité. Et l’espérance comme sa foi demeurent : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »
Marie, elle, quand elle rencontre Jésus a une attitude différente. Sa foi n’est pas moins vive, elle n’est pas non plus forte. Elle vit l’épreuve différemment.
Elle se précipite vers Jésus, elle tombe à ses pieds. Marie prie davantage en communion avec son corps, elle est encore plus expressive.
Néanmoins son attitude n’est pas celle d’une pleureuse professionnelle ou de circonstance. La mort de son frère aimé la frappe en plein cœur. Comme sa sœur elle interpelle Jésus et lui dit la même phrase : « « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Cette fois-ci il se passe qqc de nouveau, d’unique : « Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé … Alors Jésus se mit à pleurer. »
Dans cet évangile nous est donné de contempler rien d’autre que les larmes de Dieu, sa compassion, sa fraternité. L’Homme Dieu, Jésus, se laisse toucher, pris par l’émotion. Et ordonne que l’on enlève la pierre. Peu importe que Lazare soit mort depuis 4 jours : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On lui obéit et Jésus prit le Père afin d’exaucer cette demande de faire retourner Lazare à la vie et d’aider les croyants à voir en lui, l’égale de Dieu, de voir en lui l’image parfaite de l’amour de Dieu.
Le signe a alors lieu. Au commandement : « Lazare, viens dehors ! » Ce dernier obéit, bien que lié par les bandelettes. Tout est possible à Dieu. Même ce miracle de la foi dans les cœurs des juifs qui assiste à la scène.
Le retour à la vie de Lazare est la fin de la première partie de l’ev de saint Jean. Commence alors le livre de la Gloire qui nous conduira à sa Passion et à sa Résurrection.
Jean parle de signe pas de miracle pour cet épisode, le retour à la vie de Lazare fait signe au vrai miracle la Résurrection du Xt, sa victoire à laquelle nous sommes appelés par la foi.
La Résurrection du Xt n’est pas pour autant une « happy end. » Dans cet ev nous rencontrons un Jésus troublé face à la mort, face aussi à sa propre à venir.
Ainsi d’ores et déjà Jésus nous rejoint au plus intime de notre existence, au plus profond de nos peurs et de nos questions. A savoir la mort des personnes aimés, ainsi que sa propre mort.
L’épidémie que nous subissons nous rappelle que nous ne sommes pas immortels, ou plutôt que pour le devenir nous devons auparavant quitter cette terre.
La superficialité du quotidien ne suffit plus à nous cacher ces réalités que la société veut atténuer pour ne pas dire nier à tout prix, les pubs abêtissantes montrent la faiblesse et le vide de la société de consommation.
Les manifestations de nos peurs de la maladie, de la peur de manquer sont toutes des manifestations de nos faiblesses et de nos fragilités.
Alors au lieu de cacher, d’atténuer, de s’auto justifier tout le temps de nos péchés, de nos peurs, saisissons l’occasion de faire la vérité en nous. De quoi ai-je peur ? Est-ce raisonnable ? Où en suis-je dans ma foi, dans mon espérance, dans mon amour ?
N’ayons pas peur des réponses à ces questions. Tant mieux si elles nous déçoivent, si elles nous montrent que nous sommes moins forts que nous le voudrions ou que nous le pensons.
Pensons à Jésus. Pensons à Jésus qui verse des larmes. Pensons à Dieu qui vit toute nos épreuves avec nous. Confions-lui nos vies, celles de nos proches, celles des inconnus. Demandons lui d’aller de l’avant dans nos existences, dans nos vies familiales, spirituelles, au travail, dans la société. Augmente en nous en moi la foi Seigneur Jésus. Amen !
Abbé Pierre-François Émourgeon, vicaire de l’ensemble paroissial Saint Pothin – Immaculée Conception