Chers amis, nous venons d’entendre ces 3 merveilleuses paraboles de la miséricorde, du pardon de Dieu, celle de la brebis perdue, de la drachme perdue et de l’enfant perdu, ou plutôt des enfants perdus car aucun n’est vraiment au départ avec le Père …

Ces 3 paraboles se ressemblent : une perte, un manque, une obsession ou plutôt une passion pour retrouver ce qui est perdu, et la joie partagée avec tous lorsque ce qui est perdu est retrouvé …

En fait si ces paraboles se ressemblent, les 2 premières sont bien différentes de la 3°

La différence tient dans la part de Dieu et dans la part de l’homme …

Dans les 2 premières la part de Dieu est entière …

La brebis ne peut pas revenir par elle-même ; elle est perdue, dans son trou ; si le berger ne va pas la chercher, elle mourra …

Et évidemment on n’a jamais vu une pièce de monnaie rouler sur elle-même pour revenir dans un porte-monnaie …

Ce que ces 2 premières paraboles expriment c’est que Dieu nous cherche éperdument … il est tourmenté jusqu’à ce que nous reposions sur son cœur …

La part de Dieu est première, immense, permanente ; je suis invité à contempler ce Dieu-là …

Quand je suis perdu, découragé, avec le sentiment d’être abandonné, de ne pas savoir comment m’en sortir, je sais, je crois que Dieu me cherche, m’appelle …

Il descend vers moi dans ce qui paraît si ténébreux …

Je peux lui présenter ce qui en moi est douloureux, fatigué, écrasé …

Il va aussi demander à mes frères et sœurs d’avoir ce souci …

Dans la 3° parabole bien sûr Dieu m’espère aussi mais il ne part pas à la recherche du fils cadet ; il veille, il est là devant la maison au point de s’user les yeux (cf. Rembrandt) ; il respecte la liberté de son enfant, il croit en sa liberté, en sa dignité …

Après avoir contemplé la part de Dieu, nous voyons ici la part de l’homme, nécessaire pour se mettre en route vers Dieu et vers ses frères …

Le fils cadet est parti ; il a pensé qu’il pouvait vivre sans Dieu, qu’il serait enfin lui-même sans son Père, sans ses racines, sans la source de sa vie, révolte bien moderne … Il en meurt …

Aujourd’hui comme hier, priver délibérément un enfant de son Père le conduit à la mort, de son Père du ciel comme de son père humain …

Il n’a même pas de quoi se nourrir de ce que mangent les cochons, cet animal si impur pour les juifs …

Mais il a toujours un Père, même si son regard sur son père est biaisé, faux, malmené …

Il lui appartient de rentrer en lui-même et de revenir …

Cela lui appartient

Cela nous appartient dans notre décision de prendre le temps de la prière, de l’Eucharistie, du cœur à cœur avec Dieu régulier …

Cela nous appartient de découvrir qui est vraiment notre Père du ciel …

Décision aussi d’être humble davantage, non pas de s’écraser, le Père l’en empêchera mais d’être dans la maison

Le fils aîné s’enferme dans l’amertume, la jalousie ; il n’ pas saisi son héritage ; il il lui appartient lui aussi non pas de revenir mais d’être enfin un enfant qui vit de son héritage non pas dans la peur ou en répétant servilement ce que son père a fait mais en exerçant tous ses talents … 

Audace et courage, inventivité et confiance en soi …

 

La part de Dieu et la part de l’homme …

En fait nous sommes bien souvent médiocres sur ces deux points …

Début d’année …

Quel part donnons-nous à Dieu ?

Notre part à nous ; est-ce que nous l’exerçons vraiment ?

 

  Un Loup n’avait que les os et la peau ;
        Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
        L’attaquer, le mettre en quartiers,
        Sire Loup l’eût fait volontiers.
        Mais il fallait livrer bataille
        Et le Mâtin était de taille à se défendre hardiment.
        Le Loup donc l’aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment
        Sur son embonpoint, qu’il admire.
        Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
        Quittez les bois, vous ferez bien :
        Vos pareils y sont misérables,
        Cancres (2), haires (3), et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée (4).
        Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
    Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
        Portants bâtons, et mendiants (5) ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
        Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons (6) :
        Os de poulets, os de pigeons,
……..Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu’est-ce là  ? lui dit-il.  Rien.  Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ?  Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause
.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
    Où vous voulez ?  Pas toujours, mais qu’importe ?
 Il importe si bien, que de tous vos repas
        Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

Alors loup ou chien ? Il semble que nous n’ayons pas d’autre alternative …

Au fond le fils cadet et le fils aîné ressemblent au loup et au chien …

Pourquoi ? Car ils considèrent qu’ils ont un Maître (traite-moi comme l’un de tes ouvriers) …

Ils ne pourront s’en sortir que s’ils considèrent leur Père non comme un Maître mais comme un Père …

Ni loup ni chien mais enfant d’un Père

Ni loup ni chien mais frères …

 

 

Berger, Jésus / Femme, Esprit Saint qui nous cherchent pour aller vers le Père

Voir homélie de la semaine dernière