Dans le diocèse de Lyon la Nativité de la Vierge est une solennité ; nous la célébrons en mémoire du vœu des Échevins fait à Lyon en 1643, plaçant notre ville sous la protection de la Vierge Marie.
- Frères et sœurs, chers amis, nous célébrons aujourd’hui dans la joie la Nativité de la Vierge Marie. A Lyon cette fête est particulièrement solennelle car nous nous souvenons du vœu fait par les Échevins et tout le peuple de Dieu auprès de Marie pour que celle-ci protège la ville de la peste ; la ville ayant été protégée elle est reconnaissante et rends grâce à la sainte Vierge, en se confiant à elle.
- Nous lui confions cette année encore notre ville, l’année qui s’ouvre, mais aussi particulièrement la Syrie et tout le Moyen-Orient.
- « Prends chez toi Marie » dit l’Ange du Seigneur à Joseph ; nous voulons nous aussi prendre chez nous Marie, l’accueillir pour nous laisser conduire par elle.
- Ce qui est beau dans le vœu des Echevins et du peuple de Lyon c’est que c’est un acte communautaire, fait à l’unisson ; cette communion est si rare qu’elle mérite d’être soulignée. En écho, l’appel du Saint-Père à la paix résonne comme une exigence de communion et de réconciliation dans toutes les dimensions de notre existence.
Où est-ce qu’est né la Vierge Marie ?
- Ceux qui sont allés à Jérusalem se rappellent que cette naissance est célébrée dans la basilique Sainte-Anne, la mère de la Vierge Marie, au nord des murs du Temple. La raison en est que Joachim, le père de Marie, s’occupait des agneaux et brebis qui étaient sacrifiés au Temple et qui étaient rassemblés à la porte nord.
- Mais une raison plus profonde situe la raison de la naissance au nord des murs du Temple par le fait qu’en 735 avant Jésus-Christ Jérusalem et Damas veulent se faire la guerre (cf. Is 7) ; pour prévenir cela le roi de Jérusalem renforce le mur nord de sa capitale (car c’est par le nord qu’arrivent les ennemis) ; Dieu par la bouche de son prophète Isaïe intervient alors pour exhorter à la paix : littéralement : « Prends garde et calme-toi » et il lui annonce un signe que le roi refuse, une femme, une Vierge qui naîtra et mettra au monde le Messie, l’Emmanuel (c’est ce que rappelle l’ange à Joseph) ; et c’est pourquoi on fait mémoire de la naissance de cette femme, aurore du salut, sur le lieu du mur nord de Jérusalem, car elle est le rempart, la force de son peuple.
- D’ailleurs le vitrail dans notre église la nomme « Gardienne de la cité » et les tours de la Basilique de Fourvière ou de l’église de l’Immaculée Conception la présentent aussi ainsi, protectrice et gardienne.
- Le signe que le roi Achaz de l’époque refuse d’accueillir mais on peut l’étendre à ceux d’aujourd’hui c’est une femme, c’est-à-dire un signe d’humilité qui s’oppose à l’orgueil, à la suffisance.
- Ce signe qui s’accompagne de cette parole : « Si vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrez pas » ; c’est-à-dire est-ce que vous cherchez votre intérêt ou celui de Dieu et donc de toute l’humanité ? Le Pape François dit exactement cela quand il écrit au G 20 : « Ne cherchez pas votre intérêt ; écoutez la voix de votre conscience ; regardez l’autre comme un frère ; entreprenez courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation en refusant les oppositions aveugles ».
- Nous sommes pleinement dans le réel ; alors que l’orgueil, la colère ou l’impatience sont toujours des fuites du réel, des repliements sur nous-mêmes ; et c’est pourquoi la prière et le jeûne demandés hier par le Pape nous ouvrent au réel, c’est-à-dire à Dieu qui agit.
- Frères et sœurs, le parallèle entre le texte d’Isaïe 7 dans le contexte d’une guerre et la recherche de coalisés en 735 avant Jésus-Christ, la naissance de la Vierge Marie que nous fêtons, et le contexte d’aujourd’hui avec les paroles de notre Pape si déterminé est donc étonnant …
- Ce parallèle nous fait saisir que nous sommes pleinement que nous le voulions ou non les acteurs d’une histoire qui nous dépasse et donc que Dieu veut faire de nous des collaborateurs pour le bien. Sinon ce sera pour le mal.
- La naissance de la Vierge Marie, d’ailleurs, nous montre le visage d’un Dieu qui a besoin de nous, comme il a eu besoin d’une Mère pour son Fils.
- Chers amis, la semaine dernière je vous laissais 3 mots pour nourrir concrètement votre semaine et votre rentrée : la prière, le courage et l’amour.
- A la lumière de cette fête de la Nativité de Marie, je vous partage 3 visages de la Vierge Marie pour que que celle-ci transforme votre cœur et votre vie.
- La vierge Marie est patiente.
- La vierge Marie aime la communion.
- La vierge Marie est déterminée.
- Ces trois visages sont source de paix.
La vierge Marie est patiente
- De cette patience qui n’est pas passivité ni paresse ; son rythme c’est celui de Dieu ; la patience naît dans le cœur de celui qui croit que ce qui est fécond est caché, discret car Dieu agit alors ; la patience est le signe que j’accueille la volonté de Dieu dans ma vie ; la patience est le fruit de la prière qui m’apprend la disponibilité ; la patience signifie l’ouverture du cœur à la voix de l’autre et donc une écoute profonde et réelle ; la patience s’oppose à la colère, l’emportement, l’orgueil.
- Marie dont nous fêtons la naissance va grandir comme une petite fille, à l’écoute de Dieu. Nous lui demandons d’accueillir humblement notre vie comme le cadeau où Dieu agit, d’accueillir notre vocation, notre devoir d’état comme le lieu où Dieu nous veut nous rendre profondément heureux.
La Vierge Marie aime la communion
- Elle reçoit Joseph comme son époux ; elle se fait servante du Seigneur ; elle collabore à sa place à l’œuvre de Dieu ; elle sait que rien ne se fait sans l’autre. Nous lui demandons d’être assoiffés de réconciliation, de rencontres de celui qui nous est différent car Dieu ne sait que collaborer.
- Marie est mère de l’Eglise mystère de communion ; nous lui confions l’unité de l’Eglise en priant pour nos frères anglicans ; nous lui demandons de nous aider à aimer l’Eglise, et non pas à la critiquer, à nous en sentir responsables, véritablement membres en étant des disciples de son Fils. Nous prions pour notre Pape en rendant grâce pour tout ce qu’il nous donne et demandons de le suivre dans son appel déterminé à la conversion de chacun de nous.
La Vierge Marie est déterminée
- Cela ne s’oppose pas à la patience ; elle sait résolument quel est l’axe de sa vie ; donner Dieu, le faire connaître, le révéler ; elle est tout à Dieu pour l’annoncer car il est le seul et unique trésor.
- Nous demandons à la Vierge Marie d’être davantage déterminés, courageux, forts comme elle l’est, elle, la tour de David, la gardienne.
- Nous lui demandons de nous aider à annoncer l’Evangile, à vouloir le transmettre. Toute naissance nous rappelle notre mission qui est la transmission à la génération suivante. Nous confions à la Vierge Marie la mission des parents, des parrains et marraines, la mission des chrétiens.
- Notre monde est en feu ! Croyez-vous que seul Dieu peut le sauver ? C’est ce que nous avons à transmettre.
- Patience pour que Dieu agisse, communion, détermination ; ainsi viendra la paix.
- Vierge Marie, sois notre secours, toi notre gardienne, toi la Mère du Prince de la Paix, réconforte ceux qui souffrent de la violence, console ceux qui pleurent leurs morts, inspire à tous des décisions de paix. Amen.