Transfiguration

 

Le récit de Luc se distingue par des notations qui lui sont propres.

« Tandis qu’Il priait »  Déjà lors du baptême, tandis qu’après avoir été baptisé, Jésus priait, la voix du Père retentit (cf. Lc 3,21. Mc 1,11) La prière ouvre le ciel, déchire les cieux et la Trinité peut venir habiter, illuminer notre âme. Même si nous n’en sentons rien et malgré nos péchés et nos refus. La prière transfigure notre âme : elle l’ouvre à l’accueil de la grâce sanctifiante qui purifie, embellit, rend plus semblable au Christ. Elle restaure notre nature première  d’enfant bien-aimé du Père.

 « La gloire » : « Moïse et Elie lui apparurent dans la gloire. » La vocation de l’homme est de partager la sainteté et la gloire de Dieu. Moïse descendant du Sinaï en était irradié au point que sa face (Ex 34,34) resplendissait. « Quand le fils de l’Homme viendra dans sa Gloire, nous Lui serons semblables parce que nous Le verrons tel qu’Il est. » (cf. 1 Jn3,2). Voir le Père et le Fils nous rendra semblables à eux : nous partagerons leur Beauté, leur Bonté, leur Sainteté. Notre gloire ne sera pas « de nous » mais don gracieux et immérité auquel nous aurons, dans la liberté des enfants de Dieu,  enfin consenti.  « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée. » (Jn 17, 22) . « Je trouve ma gloire en eux » (Jn 16, 10) dira Jésus.

« Veillez et priez »   Jésus demande, comme il le fera à Gethsémani, à  Pierre, Jacques et Jean, de l’accompagner sur le Mont Thabor pour prier.  Quand nous prions, la gloire de l’Innocent-Condamné-Ressuscité vient couler dans nos veines. Et sont ranimés notre espérance, notre courage, notre lucidité, notre enthousiasme à écouter le Père en son Fils ; et à « [faire] tout ce qu’Il [nous] dira » (Marie à Cana, Jn 2,5).

Veiller et prier afin que la gloire de Dieu soit plus forte en nous que toutes les peurs ou hésitations, lâchetés ou inquiétudes. « N’ayez pas peur ! J’ai vaincu le monde ! C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ! » (Lc 21)

La Transfiguration :  un aujourd’hui   La Trinité habite déjà au plus profond de notre être et lui donne, quoiqu’il arrive, son incomparable et ineffaçable dignité. Nous sommes créés à l’image de Dieu. C’est le Don que Dieu nous a fait, immérité, et que nul ne pourra nous retirer. La haine de ceux qui veulent nous défigurer ou nous anéantir n’y peut rien. (Cf. Procès du Père Jacques Hamel, témoignage de Mr Guy Coponet). Quelles que soient les défigurations subies, nous sommes marqués du sceau indélébile de la gloire de Dieu, du sceau de notre Créateur.

Comment ne pas voir et ressentir l’immense, l’incommensurable dignité de femmes, enfants, vieillards… qui devant la barbarie, pétrifiés de douleur, tentent de fuir l’insupportable persécution ? Ou celle de ceux  qui risquent et donnent leur vie pour protéger celles de leurs proches ?

Transparaît au travers des « fleuves de larmes et de sang » (Pape François) qui inondent leurs visages et leurs âmes, telle une icône vivante, une bouleversante et lumineuse ressemblance de Celui de Gethsémani.

« Heureux ceux qui pleurent ils seront consolés » (Mt 5). « Heureux les assoiffés de justice, ils seront rassasiés » « Heureux si l’on vous persécute, vous calomnient, réjouissez-vous, votre récompense est grande dans les Cieux !

La gloire de Dieu resplendit en eux, et nous interpelle, nous appelle. « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

« Tout ce qui vous aurez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi qui vous l’aurez fait. » (Mt 25) : « Qui aura scandalisé un seul de ces petits, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache autour du cou une meule et qu’on le jette à la mer ! » ( Cf. Lc 17)           Point de ténèbres sans espoir de lumière, Rien n’est fini pour Dieu ;

                                   Vienne l’aurore où l’amour surgit, Chant d’un matin de Pâques ! (Hymne Laudes 1er dim Carême)