Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! 

Il ne vous aura pas échappé que depuis quelques semaines, les formules et oraisons de la messe ont quelque peu changé. Le Missel romain 2.0 est arrivé ! Et parmi les nouvelles formulations, une phrase apparemment anodine donne une coloration un peu différente à l’eucharistie. Il s’agit de l’introduction au rite de communion : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » La formule, tirée du livre de l’Apocalypse[1], ne change apparemment rien pour les fidèles car la réponse est la même (« Seigneur, je ne suis pas digne … »). Et pourtant, elle nous invite à changer de perspective pour orienter notre regard vers le mystère de la résurrection.

On a tendance à penser que le « repas du Seigneur » (ancienne formulation), c’est son dernier repas avec ses disciples juste avant de s’offrir en sacrifice sur la croix pour nous sauver, et au cours duquel il nous donne son Corps et son Sang en signe du sacrifice parfait. Et ce n’est pas faux : c’est effectivement cela que nous commémorons à la messe. Mais le vrai repas du Seigneur, le mystère de l’eucharistie, c’est celui de l’union de Dieu avec toute l’humanité. Pour le comprendre, il faut se mettre en « mode eschatologique » : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, mais pas seulement. Ce pour quoi il nous a créés, ce pour quoi nous sommes faits, c’est pour être habités totalement par Dieu, corps, âme et esprit. C’est ce qui nous attend à la résurrection : Dieu se donnera totalement à nous dans sa divinité même, et nous à lui. Donation « non seulement à l’âme, mais aussi à toute la subjectivité psychosomatique de l’homme », disait Jean-Paul II[2]. Autrement dit, Dieu se donnera à toute notre dimension humaine, corps, âme et esprit !

Il est grand, le mystère de la foi !

La résurrection a une dimension sponsale (d’épousailles) que préfigure ici-bas le mariage de l’homme et de la femme. « Ce mystère est grand » disait saint Paul[3] ; et il ajoute immédiatement : «  Je le dis en référence au Christ et à l’Église ». Dieu veut nous épouser totalement ! La vraie communion, c’est celle-là ! C’est mon corps, et il est pour vous, dit Jésus : l’eucharistie que nous recevons, c’est bien ce corps du Christ des épousailles ! Nous ne commémorons pas seulement un événement du passé, mais nous attendons déjà la plénitude de l’union à Dieu qui nous est promise.

Des noces où l’Église est l’Épouse

Quand j’ai « fait mon catéchisme » (il y a bien longtemps), on parlait de l’Église comme le Peuple de Dieu, le Corps du Christ, et le Temple de l’Esprit Saint. Et puis, dernière roue du carrosse, l’Église est aussi l’Épouse du Christ, mais on ne savait pas trop bien ce que cela venait faire là. Remettons les choses dans l’ordre : c’est parce que l’Église est d’abord l’Épouse du Christ qu’elle est son Corps ; c’est parce que l’Église est l’Épouse du Christ qu’elle est le Temple de l’Esprit ; c’est parce qu’elle est l’Épouse du Christ qu’elle est le Peuple de Dieu …

Alors oui, heureux, bienheureux sommes-nous d’être tous invités à ce festin de noces que nous annonce l’évangile de ce dimanche, à ce repas de fête où Dieu, enfin, sera tout en tous ! »

Elisabeth Vilain, vierge consacrée (Immaculée Conception).

 

[1] Ap 19, 9.

[2] Catéchèse du 9 décembre 1981.

[3] Ep 5, 32.