Monter en bas …
Cette expression paradoxale dit bien le mystère de Noël : Il s’agit bien de monter vers une réalité qui nous dépasse infiniment, d’élever notre cœur ; Bethléem se situe dans les hauteurs des monts de Judée … Pour regarder tout en bas un bébé qui babille dans la crèche : il faut se pencher pour entrer dans la Basilique de la Nativité puis descendre dans la crypte pour rejoindre la grotte de la naissance de Jésus !
Cette expression paradoxale dit bien aussi ce que souvent nous ne cessons de vivre: nous voulons nous élever mais le résultat n’est pas toujours brillant et nous voyons vite nos limites !
Sommes-nous alors atterrés ou plus humains ?
Atterrés, c’est se désespérer, perdre confiance, se replier sur ses seules forces …
Etre humain, c’est être dans « l’humus », plus humble, plus proche des cœurs qui souffrent, plus attentif à aider ceux qui en ont besoin …
Par la voix du prophète Osée Dieu nous dit à propos de son peuple Israël au chapitre 11 : 03 C’est moi qui lui apprenais à marcher, en le soutenant de mes bras, et il n’a pas compris que je venais à son secours. 04 Je le guidais avec humanité, par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger. Mais ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ?
« Je me penchais vers lui pour le faire manger » : la Vierge Marie exultera de joie devant ce Dieu qui s’est penchée sur son humble servante ; oui, Dieu regarde s’abaisse vers chacun de nous, il va « en bas » ; serons-nous assez humbles pour reconnaître que ce que Dieu nous quémande, ce sont nos pauvretés ?
Il se penche vers nous pour nous faire manger ; Bethléem signifie « la maison du pain » ; Dieu se donne en nourriture ! Est-ce que nous nous laissons nourrir ?
« Il n’a pas compris que je venais à son secours » : A Noël, c’est Jésus, le Sauveur, qui nous est envoyé. Allons-nous comprendre que nous avons besoin d’être sauvé, élevé par Dieu lui-même ?
« Mais ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ? » : la réponse est « non » ; Dieu veut pardonner. Allons-nous demander ce pardon ?
Le « Très-haut » s’est fait « Très-bas », plus bas encore, véritablement homme ; en cela il est véritablement Dieu ! Car Lui seul est capable de « monter en bas », de s’approcher ainsi de nous, de nos fragilités et de nos souffrances, d’être pour nous « l’Emmanuel », Dieu avec nous !
Le mystère de la Nativité est par excellence un acte d’évangélisation : Dieu sort pour aller à la rencontre de tout homme, pour leur partager la bonne Nouvelle : « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »
Et si nous désirions ressembler à Dieu ? Si nous lui demandions de savoir nous pencher sur nos frères pour à notre tour leur partager la bonne Nouvelle de Noël ?
Très joyeux Noël !
Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception