« Passons sur l’autre rive »

 

Pour Jésus, passer sur l’autre rive ne signifie pas simplement aller de l’autre côte du lac de Tibériade : il s’agit de bien davantage pour lui puisqu’il s’agit d’affronter la mort, de la traverser, d’en être vainqueur ; en effet ce passage d’une rive à l’autre se fait en traversant la mer, signe de la mort ; elle se fait aussi en allant de la rive  du territoire des fils d’Israël à la rive des païens, de ceux qui sont encore dans la mort.

Pour ce « passage », cette Pâque, Jésus s’endort paisiblement à l’arrière du bateau, sans doute bien fatigué par une journée éreintante  (« toute la journée il avait parlé aux foules ») ; ce sommeil est signe de sa confiance, de son abandon entre les mains du Père. Pour Jésus il s’agit en quelque sorte de devancer la mort, d’y consentir, de renoncer à se sauver par soi-même.

Pendant ce temps, dans la barque, la tempête fait rage ; les disciples s’affolent, s’agitent ; il n’y a plus rien à faire se disent-ils si ce n’est de réveiller Jésus …

Ceux-ci lui posent alors cette question : « Cela ne te fait rien ? » ; cette épreuve que nous traversons, cette souffrance qui abîme notre cœur, cette inquiétude qui nous submerge, cela ne fait rien ?

Nous serions souvent tentés de penser que Jésus reste indifférent à nos tempêtes : pourquoi ce silence, pourquoi rien ne semble se passer ? Cette épreuve est redoutable, nous le savons bien.

Devant le cri de ses amis, Jésus se lève, menace le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » ; ce « Silence, tais-toi ! » renvoie à une autres scène qui précède celle-ci, lorsque Jésus avait ordonné à un démon de se taire par la même parole (cf. Mc 1,25 : « silence, tais-toi ! »).

C’est bien le démon qui est au cœur de cette scène de tempête, c’est bien lui qui agite les eaux, lui qui fait croire que la mort est toute-puissante, qu’elle est inéluctable, qu’il n’y aucun échappatoire …

Et Jésus ajoute alors : « N’avez-vous pas encore la foi ? » ; il nous invite à grandir dans la confiance.

On pourrait presque dire que croire se « vérifie » dans la tempête ; en tout cas, si cela peut paraître trop dur, nous pouvons dire que la tempête est le lieu où notre foi peut et doit grandir …

Confions au Seigneur tous ceux qui sont éprouvés, dans la tempête : Que nul n’ait peur ! Que chacun de nous puisse accueillir le Dieu qui donne la paix ; Que chacun puisse aussi entendre qu’avec le Seigneur il est capable de passer d’une rive à l’autre ! Courage ! Vous avez même le droit de vous reposer et de dormir !

En ce dimanche 20 juin, nous rendons grâce pour l’ordination diaconale de Thierry Villemagne : merci à lui, à Cécile son épouse, de nous entraîner à aller plus loin, vers l’autre rive, celle du ciel que toute vie chrétienne indique !

 

Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception