Editorial pour le 2° dimanche de Pâques (11 avril 2021)

 

« Avance ton doigt ici, regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; ne sois pas incrédule, sois croyant »

Il faut le doigt de Thomas pour toucher les mains de Jésus, la main de Thomas pour entrer dans le côté de Jésus …

 

Ce qui dans le corps  de Jésus revenu rend témoignage, ce qui dans l’événement de la résurrection atteste de cet événement inouï ce n’est pas le visage reconnu ni même la silhouette familière ou le son de la voix : ce sont ses blessures.

C’est ce que Thomas a demandé … (« Si je ne vois pas la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous … »)

 

Le corps glorieux du Ressuscité n’en a pas effacé les stigmates.

Il ne s’agit pas simplement d’une preuve pour l’identifier (le visage ou la voix auraient suffi) mais d’une reconnaissance plus profonde : celle d’un homme qui s’est livré pour moi.

Thomas ne veut pas d’une « happy end » qui effacerait la tragédie que le Christ a vécu pour me sauver …

La gloire pour être vraie doit aller bien plus loin qu’un simple miracle. Dans le simple miracle, les plaies disparaissent ; dans la gloire il faut qu’elles restent béantes ; sinon la gloire ne serait qu’un trompe-l’œil, un cache-misère, un divertissement, un coup de baguette magique …

Et cette gloire ne prendrait pas en compte aujourd’hui les enfants qui meurent de faim, les prisonniers injustement condamnés, les vieillards qu’on fait mourir trop tôt …

La fête de Pâques n’est pas une petite fête champêtre où, enfin, tout est oublié … Thomas refuse cet échappatoire. Il espère que Dieu vienne manifester sa gloire jusque dans ce qui est le plus ténébreux dans notre monde et en moi …

Alors Jésus lui dit : « Avance ton doigt … »

Et Thomas confesse que Dieu est là : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » …

Thomas qui n’était pas là précédemment aurait pu à ce moment-là et de manière justifiée partir en courant : il y avait de quoi ! Voir les plaies de Jésus c’est mourir de honte. Il est plus facile de croire sans voir …

Thomas reste ; il ressemble ici au bon larron ; il contemple toute la miséricorde de Dieu, jusqu’au bout,  « jusqu’à la moëlle » … et confesse que Dieu est là !

Thomas a été en vérité ; il a osé ; c’est par l’humble confession de sa non-foi qu’il est allé jusqu’au bout ! Pêcheur il s’est reconnu, assoiffé de miséricorde il a crié, sauvé en plénitude il a été !

 

                              Père Patrice Guerre, curé de l’ensemble paroissial Saint-Pothin Immaculée Conception