Ne nous laissons pas voler notre joie 

A cette messe des Rameaux, nous arrivons tous avec des sentiments très différents : joie de rentrer dans la Semaine Sainte, révolte face aux mesures gouvernementales, indifférence face à cette épidémie, soulagement de voir les écoles encore ouvertes, agacement face aux magasins fermés, peur de perdre un travail, angoisse face à l’avenir, volonté de contourner les règles, joie de manger bientôt des chocolats… Nous ressemblons à cette foule bigarrée qui accompagne Jésus, faite de badauds, de révolutionnaires, de gens simples, d’enfants, de publicains, de paysans, de pêcheurs, de pharisiens…  

Pour cette fête des Rameaux, nous serions tentés de succomber à la lassitude : on ne peut voir les visages des autres, chanter avec un masque n’est pas agréable, les déplacements pour Pâques seront limités. NE NOUS LAISSONS PAS VOLER NOTRE JOIE ! Les pharisiens cherchent à voler la joie du peuple : « Maître, réprimande tes disciples » (Lc 19, 39). Beaucoup de choses peuvent étouffer la nôtre : la révolte, l’angoisse, l’indifférence, l’incompréhension, l’impression que Jésus nous a oublié, est lointain… le Christ nous invite aujourd’hui à la joie : cette fête des Rameaux est une fête où nous pouvons célébrer ce que le Seigneur a fait dans notre vie, faire mémoire de ses merveilles. 

Groupons-nous au cortège des brebis retrouvées qui accompagnent Jésus : l’aveugle guéri, Marie-Madeleine, le paralytique, la femme adultère… Portons nos rameaux avec joie pour accueillir Jésus qui rentre à Jérusalem, qui va vivre cette Semaine Sainte avec nous. Faisons mémoire de ce qu’il nous a apporté cette année, de toutes les belles rencontres que nous avons faites, des moments de notre vie où il nous a manifesté sa présence pleine d’amour. 

Bien sûr, nous pouvons avoir un cœur trop lourd pour être joyeux. Demandons alors au Christ de nous donner sa joie. La joie n’est pas une chose purement humaine : dans les moments difficiles, seul le Christ peut nous la communiquer. « Votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). Elle devient alors une joie qui n’est pas nécessairement exubérante mais qui est profonde, qui demeure en dépit des incertitudes, des épreuves : elle s’enracine sur la conviction de la présence bienveillante de notre sauveur à nos côtés. Il marche sur un ânon et nous montre le chemin. 

Olivier de Petiville
séminariste