2 février : Journée de la vie consacrée
Consacrée dans l’Ordo virginum en 2003, j’ai été ce jour-là « constituée comme signe transcendant de l’amour de l’Église pour le Christ son époux, image eschatologique de la vie à venir » (rituel de la consécration des vierges). Dix-sept ans plus tard, je continue de découvrir la richesse de ces quelques mots …
Signe de l’amour de l’Église pour le Christ : j’avoue qu’à l’origine de ma vocation, l’union au Christ que je désirais était une démarche personnelle, répondant à un amour personnel, individuel. J’aimais l’Église, certes, mais je voyais surtout l’institution, au mieux le peuple de Dieu. C’est peu à peu que s’est imposée à moi la notion d’Église-épouse. Oui, Dieu veut s’unir à chacun de nous, comme un époux à son épouse. L’Église, c’est l’humanité épousée par Dieu, entièrement habitée par Dieu. Quelle fut ma joie, le 20 décembre dernier, d’entendre notre nouvel archevêque se définir lui-même comme l’époux de son Église diocésaine : « Merci de m’avoir présenté mon épouse : il me semble que je l’aime déjà ! »
Image eschatologique de la vie à venir : nous ne sommes pas faits simplement pour vivre en bonne intelligence avec Dieu ; nous sommes faits pour la résurrection, c’est-à-dire pour la participation à la vie intérieure de Dieu Trinité. C’est ce qu’on appelle l’inhabitation de Dieu en chacun de nous, la pénétration de ce qui est essentiellement humain par ce qui est essentiellement divin : Dieu se donnera totalement à nous, et nous à lui. Ce don total de Dieu est un don sponsal, un don d’épousailles. Et notre être sera complètement donné à Dieu, corps et âme, comme réponse à la donation totale que Dieu fera de lui-même. Il n’y aura plus besoin du mariage : ce dont le mariage est le signe sera pleinement réalisé.
Il se trouve que certains, par exception, sont appelés à (essayer de) vivre dès ici-bas cet état, à être l’annonciation prophétique de ce qui sera notre condition à tous dans le Royaume. La valeur de la vie consacrée est de poser question : quel est donc ce Dieu pour lequel on est prêt à renoncer à ce quoi le monde aujourd’hui aspire le plus ? et quelle est donc cette vie éternelle dont certains prétendent vivre dès ici-bas ?
Devant une telle vocation, on se sent tout petit, parce que « nous pensons trop souvent que Dieu ne s’appuie que sur notre côté bon et gagnant, alors qu’en réalité, la plus grande partie de ses desseins se réalise à travers et en dépit de notre faiblesse » (Pape François, Lett. apost. Patris corde). Impossible sans la grâce : il s’agit de me laisser saisir et transformer par la grâce, d’accueillir ma pauvreté, non pas comme un obstacle, mais comme un tremplin, une opportunité : « Seigneur, tu le vois bien, je ne suis pas capable : viens toi-même vivre en moi ! ». Il s’agit, en réalité, de rester dans cet étonnement émerveillé du premier jour pour tant d’amour offert à tant d’indignité, pour cette intimité offerte à ma misère.
Elisabeth Vilain, ov
En cadeau, un enregistrement qu’Elisabeth a fait 2 mois avant sa consécration.