Lundi 1er juin 2020
Bonjour,
une salutation qui vient du Canada pour vous remercier. Je suis un vieux prêtre de 80 ans, qui a vécu sa période de confinement comme tout le monde. J’ai beaucoup navigué sur le web pour chercher des personnes avec qui prier. Je veux vous dire que je me suis très souvent unis à vous pour la prière des laudes. Je me sentais bien dans votre oratoire, et j’aimais psalmodier de concert avec vous. J’ajoute que j’ai beaucoup apprécié la présence du jeune qui vous accompagnait. Cela me surprenait agréablement de le voir si familier avec la prière des Heures.
Ici au Québec, nous ne sommes pas prêts à entrer de nouveau dans nos lieux de culte. J’ai hâte de retrouver la communauté où j’exerce encore un ministère. Il s’agit de 225 religieuses, dans la Maison mère d’une congrégation locale. Une petite indication pour préciser d’où vous parvient mon petit merci: Rimouski est une ville épiscopale à 400 K à l’est de Montréal, dans l’estuaire du Saint-Laurent.
Je demeure avec vous, en Esprit de Pentecôte.
Dimanche 17 mai
Quand le confinement a démarré, j’ai eu beaucoup de chances. Le 17 mars, devaient venir chez moi un de mes petits-fils et sa femme, pour un rapide passage avant de s’envoler en voyage de noces pour l’île Maurice. Lorsque le confinement a été annoncé pour le 17 mars, mon petit-fils m’a téléphoné pour me demander : « Mamie, on ne part plus à l’île Maurice, est-ce qu’on peut se confiner chez toi ? » J’étais ravie et je leur ai dit oui. Sa femme reste à l’appartement en télétravail, tandis que lui va à Champagne-au-Mont-d’Or dans son entreprise.
Pour m’occuper, chaque jour, je donne 2 ou 3 coups de téléphone à des amis ou des membres de ma famille. Je vais aussi sur Internet lire mes mails. Je reçois souvent des blagues et je les transmets à mon tour, si elles sont bien. J’ai décidé de sortir tous les jours pour éviter de m’ankyloser. Par prudence, je ne parle bien sûr à personne mais je souris aux gens que je croise. Je lis beaucoup et cela me fait plaisir. J’ai ainsi retrouvé avec joie la trilogie de Robert Sabatier : Les Allumettes suédoises, Trois sucettes à la menthe, Les Noisettes sauvages. Lui et moi sommes contemporains et je suis vraiment heureuse de le lire.
Je prends aussi du temps pour prier. Je vivais déjà cela avec mon mari Jean, qui nous a quittés il y a un an. Tous les jours, nous prenions une demi-heure pour prier, avec un temps de méditation, un temps de lecture de la Parole de Dieu et un temps de prière en commun. Je continue encore cela aujourd’hui et cela me porte. Quand on est accroché au Seigneur, on a une chance extraordinaire, on avance. Je m’en suis bien rendu compte l’année dernière quand j’ai perdu mon fils et mon mari.
Grâce à Internet, je peux continuer à suivre la messe. Le dimanche, je regarde KTO avec mon petit-fils et sa femme. Ils sont formidables : ils branchent l’ordinateur sur la télévision pour que l’image apparaisse sur ma télévision. Je lis aussi les méditations et les homélies sur le site de la paroisse. Cela me permet de garder un lien avec la paroisse. De temps en temps, au cours de ma promenade quotidienne, je vais prier une demi-heure dans l’église, ce qui me permet aussi de voir de loin des visages connus.
Autour de moi, j’ai la chance de voir la vie continuer : le couple qui vit chez moi attend un petit bébé pour septembre. Malgré toutes nos difficultés dans cette période éprouvante, la vie continue et elle est belle. Merci Seigneur !
Mardi 5 mai
Les VILLEMAGNE confinés
Après avoir retrouvé notre fils en provenance de Russie, nous sommes confinés à 3 dans un appartement confortable, ensoleillé avec vue sur St Pothin ; donc dans de bonnes conditions.
Nous avons passé de bons moments en famille et ne sommes pas traumatisés. Parmi les bons moments que nous retiendrons :
- Déjeuner ensemble très régulièrement avec de bons échanges (à l’ordinaire nous déjeunions sur nos lieux de travail)
- Réaliser des choses ensemble (nous avons bricolé, cousu, cuisiné, planté…)
- De bonnes tranches de rigolades même si les sujets de ceux-ci n’étaient pas toujours très intelligents
- Mais aussi relecture de l’intégrale d’Achille Talon, création d’une poupée avec 5 tenues différentes et son lit, rangement intégrale d’une chambre, …
- Bons petits plats et bonnes bouteilles sans activité physique n’est pas bon pour la ligne
Nous avons aussi vu notre conjoint dans son contexte professionnel. Nous voir l’un et l’autre travailler, interagir avec nos interlocuteurs, réagir face aux contrariétés ou aux satisfactions, a été intéressant. Professionnellement, cette période est un moment d’apprentissage important ; il a fallu créer des réponses, rassurer et réimpliquer ses collaborateurs, trouver des clients alors que le chiffre d’affaires était quasiment tombé à zéro et renoncer à la vie d’étudiant en ERASMUS.
De tout cela, nous avons appris
- Que vraiment nous pouvions nous passer de beaucoup de choses, notre peu d’attachement aux choses matérielles nous apporte beaucoup de sérénité
- Un nouveau rapport au temps et le développement de la patience
- L’importance du regard, cela nous manque de voir les personnes qu’on aime et ceux que nous ne connaissons que de vue et nous oublions rapidement les personnes que nous ne voyons plus.
- La nécessité du lien social
Sur le plan spirituel, nous avons décidé de vivre ensemble la messe de la paroisse avec vidéoprojecteur, grand écran, bougie allumée et surtout en participant activement (chant, agenouillement, répons, …). Cela a été de beaux temps spirituels. Avec Cécile, nous avons continué à dire les Laudes ensemble le mardi matin et chacun à notre rythme les autres jours de la semaine. Mais la messe nous manque, celle du Dimanche mais aussi celles de semaine. La communion nous manque et pas seulement l’Eucharistie qui en est le sommet mais aussi cette participation commune, la paix du Christ échangée, les regards qui se croisent, la joie de se retrouver sur le parvis,…Spirituellement, c’est aussi une réponse plus difficile aux plus pauvres, plus isolés, aux plus fragiles qu’on ne voit plus. Et enfin, il y a toutes les questions du rapport à la mort ; sans la souhaiter, sans la provoquer, n’est-il pas normal de l’admettre ? A ne plus savoir s’agenouiller devant son créateur, à toujours vouloir tout maîtriser, l’homme rejette sa propre nature.
Enfin, tous les 3, nous souhaitons dire toute notre reconnaissance à nos pasteurs. C’est le Christ qui nous unifie mais ce sont leurs décisions qui ont permis à notre église de continuer à vivre à travers les célébrations retransmises et la présence (à distance mais bien réelle) de nombreux paroissiens.
Et après ? il faudra se retrousser les manches pour accompagner ceux qui auront souffert de l’isolement, ceux qui pâtiront de la situation économique, ceux qui seront épuisés et pour cela, vite retrouver le chemin de l’Eucharistie. C’est seulement En Christ que nous serons forts.
Témoignage de Pascale
Merci Seigneur de m’avoir donné la vie !
Merci Seigneur du parcours déjà accompli et de tout ce que tu m’as donné de vivre !
Merci Seigneur pour l’amour dont tu m’as comblé et de ta patience sans limite !
Merci Seigneur de m’avoir fait ressentir dans l’adoration que la mort n’est pas une fin, mais bel et bien la porte à une autre vie, la vie éternelle !
Merci pour le temps que tu me donnes encore de vivre, aide moi à le faire fructifier !
Merci pour tout
Lundi 4 mai
Joie de faire partie d’une Frat !
Occasion de garder un réel lien avec nos frères et sœurs malgré la distance ! Se retrouver tous les 15j comme si nous ne nous étions jamais quittés ! C’est fou comme le lien de la prière nous rapproche !
Concept de la louange tous à distance mais avec les mêmes chants à la même heure…étrange au premier abord mais finalement il y a quelque chose qui passe !
Et puis avec ce confinement … des homélies, des topos… on peut en trouver, en lire tous les jours mais c’est tellement vite fait d’en prendre un peu partout et de ne pas entrer profondément dans le sujet… !
La frat m’aide à me fixer, à approfondir un ou plusieurs points grâce à vos enseignements que l’on partage à plusieurs.
La Frat c’est un peu comme des petits îlots au milieu de l’océan : on se jette à l’eau et régulièrement on vient reprendre souffle dessus pour mieux continuer la traversée !
Samedi 2 mai
Le confinement, nécessaire certes, a amené du bon comme du moins bon.
Étant confinée seule, en télétravail depuis le début du confinement, cela m’a permis de participer aux offices de la semaine sainte, puisque je suis totalement maître de prendre une pause dans mon travail à l’heure de la diffusion en direct de offices. En temps normal, avec les transports et des semaines chargées, je ne suis jamais rentrée à temps même pour des offices à 19h. Et comme les églises sont heureusement restées ouvertes, j’ai pu souvent quitter mon « bureau » pour terminer mon heure de promenade par un petit passage à St Pothin (mais je ne sors pas tous les jours)
Ce confinement est pour moi l’occasion d’une réflexion bienvenue sur ce que sont la communauté paroissiale, les offices et la pratique. J’ai pris conscience que jusques là, lorsqu’il m’arrivait pour une raison même valable de ne pas « aller à la messe » physiquement, mais de la regarder à l’écran, je me donnais trop souvent bonne conscience à peu de frais.
Pendant le confinement participer aux offices n’est pas aisé : on se retrouve tout bête avec son ordinateur. (Je n’ai pas de télévision) Au départ l’ordinateur étant dans le salon où j’avais installé mon bureau, j’ai décidé de vraiment participer, de faire mieux que « regarder » la messe. Mais j’ai été incapable de me lever, de m’assoir, de chanter, de m’agenouiller … gênée par le cadre, par les fenêtres donnant sur les voisins… J’ai la chance d’avoir une chambre libre, que j‘ai donc transformée en oratoire. J’ai sorti de mon champ de vision tout ce qui trainait (après m’être aperçue que cela me distrayait : le bouquin sur l’étagère, le vêtement à repasser…etc ), posé une icône dans mon champ de vision et je regarde en « plein écran ». Et j’ai vraiment participé. Je m’efforce maintenant de dire et écrire « participer » à la messe plutôt que « suivre » la messe, ce que donc je faisais auparavant.
(Petit apparté, le tchat visible à côté, l’appel à la quête écrit en bas d’écran pendant l’office …m’ont un peu perturbée, d’où le plein écran. Et pour la quête comme on peut le faire avant ou après …)
Ce n’est pas si simple d’être à la fois seule et en communauté de prière. J’ai donc demandé à mes enfants et ma famille (frères, sœurs) de participer à la même messe ensemble. Cela m’a aidé. Mais ensuite chacun est retourné – ou pas -dans sa paroisse, ou à une autre messe.
Dans mes (4) enfants adultes, tous n’ont pas la même pratique ; deux ne pratiquent plus, mais m’ont « accompagnée » à la messe une fois lorsque je leur ai demandé, comme ils viennent d’habitude à Noël. Mes deux autres enfants sont très pratiquants. L’un participe aux offices de sa paroisse (et y est engagé à Paris, chorale et en ce moment distributions alimentaires), l’autre ne supporte pas de devoir passer par un écran. Et en Suisse, où elle habite, les églises sont totalement fermées. Elle est très en colère. Pour elle on ne peut que « suivre » les offices, à la place elle fait le choix de lire son missel, seule. J’avoue que j‘ai du mal à comprendre. Je ne partage pas par exemple l’analyse de ses amis qui disent « tu es devant un écran, et cela fausse les choses, l’écran n’est pas neutre. Mieux vaut par exemple pour Pâques être réellement ensemble et faire un grand feu de joie dehors que regarder la messe ensemble « devant » un écran ». J’ai très mal pris cette position, qui m’a blessée. Qui me met en colère. Quid de ceux qui sont seuls ? quid des malades qui même en période hors confinement n’ont pas d’autre choix ? Cet question philosophique, intellectuelle, de la neutralité de l’écran me parait certes intéressante mais hors sujet : Jésus passe les murs du Cénacle.
Je pense à tous ceux qui sont confinés seuls mais dans de moins bonnes conditions que moi, ou à ceux qui sont confinés avec d’autres qui ne partagent pas leur Foi. Et à ceux qui pour des raisons de santé n’ont pas la possibilité d’assister à la messe même hors temps de confinement. Quel courage ils ont de pratiquer !
A quelle messe participer en temps de confinement ? On a l’embarras du choix : via Kto, celle de sa paroisse, aller à Rome pour Pâques en vidéo ? Avec chants, sans chants … pour moi comme pour la plupart de ceux que je connais il nous a semblé que participer à la messe dominicale devait se faire dans sa paroisse. (mais j’ai la chance d’avoir grâce à vous de beaux offices : merci !)
Autre point difficile : beaucoup d’amis/connaissance sur le mode « Dieu nous envoie cette épreuve pour … » voire « cette épreuve nous a été envoyée pour nous punir de nos dérives » ou pire pour « punir le monde (entendez : les autres vilains pas cathos) « . Ce retour d’un Dieu qui punit me gêne fortement. Réponse d’une autre amie : relire le livre de Job. Dans les homélies, dans les offices des réponses aussi sur cette question : merci encore une fois.
Toutes les questions également qui se greffent, autour des choix politiques, sanitaires… la peur chez certains, la méfiance, une voisine qui refuse de prendre l’ascenseur voire l’escalier avec moi et ose à peine me dire bonjour, une vieille dame que j’aide impromptu à porter ses paquets jusqu’au métro et qui me dit : « vous allez vous moquer de moi mais j‘ai cru que c’était vraiment la guerre comme celle d’autrefois mais je ne comprenais pas avec quel pays ». Un SDF du quartier qui ne pouvant plus « faire la manche » ne peut plus se payer une nuit d’hôtel alors qu’il pleut,et ose venir vers moi (d’habitude on se salue juste, c’est un SDF discret, et souvent cela m’arrange bien les SDF discrets), un autre qui n’a pas mangé depuis 2 jours. Mon neveu qui s’insurge (« les choix politiques conduisent à sacrifier notre génération pour sauver les vieux, nous allons payer pendant des années, c’est brutal mais il est normal de mourir à un certain âge que ce soit du covid ou de la grippe ou d’autre chose ») puis s’excuse. L’oubli de tout ce qui n’est pas coronavirus dans le monde. Ma difficulté à trouver comment aider autrement que ponctuellement.
Une discussion de fond avec une amie, mariée (depuis 40 ans bientôt) à un divorcé, tous deux profondément croyants, et qui me dit « pour nous la participation à la messe sans pouvoir communier est le lot de chaque semaine. J’ai dû apprendre à vivre autrement ma foi », réaction à la proposition que je lui avait fait – si elle le souhaitait – de signer la pétition « jeunesassoiffés2sacrements ».
Une autre discussion sur la communion chaque dimanche. Une autre sur la difficulté de témoigner. Bref une belle occasion ce confinement de réfléchir ! et de changer je l’espère pour moi.
Et puis la dernière décision du gouvernement sur le 2 juin pour que les messes puissent se tenir. Pas de Pâques, pas d’Ascension pas de Pentecôte ensemble ; Beaucoup de colère…. et agacement devant ceux qui ont peur d’aller communier même après le 2 juin (« on va attraper le covid en communiant» ) et baissent d’avance les bras au lieu de chercher des solutions pragmatiques qui existent.
Il y aurait tant de choses à dire encore !
Reste à vous redire merci pour ces offices, que je n’ai donc non pas « suivis » mais auxquels j’ai pu participer.
Vendredi 1er mai
Je ne sais combien de temps ce temps de confinement va encore durer (j’ai fait exprès d’écrire avant que le premier ministre ne parle, et je me dis que je ne vais même peut être pas l’écouter et juste lire un résumé ce soir, j’ai peur que cela ne me plonge dans un certain découragement et ne me coupe dans ce temps que je veux offrir au Seigneur, aux paroissiens peut être).Si je prends un temps de relecture de ce confinement, pour moi, il y a eu 2 temps. Un avant Pâques et un après Pâques.Si au début du confinement il a fallu s’ajuster sur la nouvelle organisation, accepter ce nouveau mode de travail, j’ai finalement trouvé cette première phase très belle. Dans la dynamique du carême, la joie de passer plus de temps en famille (chance que nous avons et pour laquelle je rends grâce tous les jours), la joie de préparer une semaine Sainte unique tous ensemble. Cette semaine Sainte nous n’aurions jamais réussi à la vivre ainsi dans le tourbillon de la vie habituelle. J’appréhende presque déjà celle de l’année prochaine… Joie aussi de prendre le temps d’appeler nos proches qui sont seuls. Une vie plus saine, familiale et fraternelle. Plus de temps avec le Christ, seule, en couple ou en famille. Joie de pouvoir continuer à prier en communion avec nos frères et soeurs de Fraternité, nos famille à distance, les paroissiens que nous ne connaissons pas tous mais pour qui nous prions. Plus loins et pourtant plus proches. Temps de communion spirituelle qui me rappelle d’autres moments de ma vie, seule sur mon lit d’hôpital, me sentant pourtant si proche des autres par la prière.Il y a ensuite eu cette veillée Pascale vécue en couple (avec les enfants qui dorment à côté, le top!), la renonciation à Satan dite juste à temps (j’ai été très marquée que la retransmission de la messe de la paroisse ait été coupée mais juste après, ouf nous avions eu le temps de renoncer au Mal!!!) puis le chant de joie « Alléluia Christ est ressuscité, oui Il est vraiment ressuscité .Puis…un grand vide…relâchement…J’arrive à ce deuxième temps, il n’a pas duré longtemps, mais les 5 jours qui ont suivi il n’y avait plus cette dynamique positive de la route vers Pâques. Pas l’envie de prier seule ou en famille. Les jours passaient et j’en avais conscience, je me disais « Attention » mais continuais dans le silence, la fuite, tout en me disant qu’il faudrait que je me ressaisisse. Puis l’enseignement du père Guerre pour les fraternités est arrivé sur le combat spirituel…Je posais un mot fort sur ce qui se passait.A partir de ce moment là, prenant conscience que « ce lion » se frottait les mains de mon éloignement du Christ je me suis ressaisi. Non, il est hors de question qu’il gagne. Le Christ restera victorieux. Alors j’ai repris l’habitude de prier en me forçant plus que d’habitude mais le sourire aux lèvres « Non tu ne gagneras pas, tu ne réussiras pas à m’éloigner du Christ ». S’en est suivie la messe du premier dimanche après Pâques. Je me sentais si petite, j’avais tellement honte de m’être éloignée de Lui alors qu’Il avait donné Sa vie pour nous. J’ai ressenti (étrangement pour la première fois) cette soif si intense de pouvoir accueillir le Seigneur dans mon coeur. Jusqu’à présent la communion spirituelle me suffisait, là, j’avais soif, mais tellement soif de cette communion physique, corporelle, que le Seigneur vienne transformer mon coeur intérieurement par cette Eucharistie. Là encore, j’avais le sourire aux lèvres « Et bien voilà, tu as voulu m’éloigner du Christ, tu as tout perdu, je m’en rapproche encore plus! ».Jésus, Jésus…sans toi je ne peux rien faire.Merci Seigneur de t’être servi de ton ouvrier le père Guerre, à travers son enseignement, pour me rejoindre à nouveau. Ce temps loin de toi n’a pas duré longtemps mais m’a paru si long…Va venir un 3ème temps. Post confinement. Je crois qu’il va être long. Il ne sera pas comme je l’avais imaginé initialement, Il va falloir s’adapter encore et encore.Seigneur aide moi à rester près de toi, à rester dans ta Paix.Je veux rester confinée dans Ton refuge.Loué sois-Tu Seigneur pour Ta grandeur. Loué sois-Tu pour la beauté de Ta création, loué sois Tu pour toutes les merveilles que Tu fais pour moi.Amen.
Jeudi 30 avril
« Vivre confiné chez soi » : être reclus, c’est-à-dire vivre enfermé, isolé ou cloîtré, retiré du monde, comme les religieux dans un cloître, telles sont les définitions du dictionnaire.Alors, le sommes-nous vraiment dans une résidence de personnes âgées ? C’est vrai que notre vie a changé : pas de restaurant, nous mangeons « seul » devant notre plateau-repas, pas de réunions, de cinéma, de bibliothèque, de messe mensuelle, de chapelet, de gymnastique, d’animations, d’ateliers « mémoire » ou dictée, etc. Il faut rester « à distance. » Si nous nous en tenons à cela, c’est d’un pessimisme décourageant et c’est très négatif.
Alors il nous faut regarder ce qui peut nous réjouir. C’est le printemps, la nature s’embellit, on l’aperçoit de notre balcon, les oiseaux piaillent et font la farandole. Et puis il y a tout ce que nous apportent les techniques modernes d’information et de relation. Je pense à la radio, la télévision, le téléphone, l’ordinateur. Certes, il faut en être pourvu. Mais que de bonnes choses on peut y trouver. Choisir ses émissions, téléphoner à sa famille, à ses amis, recevoir des appels, lire la presse ou des livres, s’adonner à un passe-temps favori.
Pour ma part, sentant tourner le vent, j’ai pu acheter à temps un métrage de tissu et me mettre à la couture. Après, je suis passée au tricot. J’ai reçu beaucoup de messages téléphoniques ou internet ; certains m’ont beaucoup touchée. Ma belle-fille a mis en place un Zoom sur Internet où avec mes enfants et petits-enfants nous nous voyons et nous parlons pendant près d’une heure « ensemble » une fois par semaine. Une nièce a organisé des « petites nouvelles et grandes bafouilles » où chaque cousin(e), oncle, tante peut donner de ses nouvelles via l’ordinateur Pour certains cousins, ce furent de vraies retrouvailles Sur place, à la Résidence, une animatrice nous procure des exercices de mémoire, des jeux, des devinettes, coloriages…
Pour notre petit groupe, la Semaine Sainte a été un temps fort et nous a bien « occupés. » Que ce soit KTO, RCF, l’Archevêché, la Paroisse, que de beaux offices nous ont été offerts nous permettant de participer à la vie de l’Eglise. Je leur dis un grand Merci. Et puis, ce temps laisse plus de place à la prière personnelle et à la réflexion. J’ajoute que j’apprécie la lecture de La Croix, c’est un accompagnement qui perdurera. La musique peut nous redonner le moral en attendant le déconfinement. Mais à notre âge il faudra être prudent encore quelque temps.
Alors Confiance, Courage et Patience. Nous ne sommes pas dans la solitude. Le Seigneur est avec nous.
Vendredi 3 avril
Très heureux d’avoir de vos nouvelles! Merci pour ton amitié et ton partage.
Oui comme pour tout le monde, nous sommes confinés et nous vivons la grâce de ce temps de ‘pause’ forcée!
Au tout début nous étions un peu désemparés puis tout s’est arrangé grâce à Dieu et à la technologie! Nous utilisons l’application Zoom et avec cette technique je parviens à rejoindre la paroisse, les scouts, ainsi que tous les groupes de prière et les amis… même les messes se transmettent par Zoom.
Le diocèse a travaillé aussi sur tous les moyens: Facebook,YouTube etc..pour organiser les prières de la semaine sainte.
Grâce à l’idée proposée par les Dominicains de Lille sur Facebook, nous avons organisé une neuvaine qui s’est clôturée à la fête de l’Annonciation et nous avons allumé des bougies aux fenêtres en union avec vous Lyonnais qui étiez les premiers à remercier et célébrer Notre Dame avec les Lumières.
Nous avons eu 2 cas de Corona sur la paroisse mais qui grâce à Dieu se sont rétablis après un strict confinement à la maison.
Nous continuons à prier pour que cette pandémie s’arrête miraculeusement sur toute la planète en pensant à tous ceux qui souffrent de chômage de pauvreté de maladies en ces temps difficiles.
Restons en union pendant toute cette semaine!
Mercredi 1er avril
Témoignage d’un diacre permanent médecin, Chirurgien, chef de service à l’hôpital Edouard Herriot et son épouse, médecin à l’hôpital de Vienne
Chers Paroissiens de Saint Genis, d’ Irigny mais aussi des paroisses voisines et amies,
Je voulais au travers de ces quelques mots vous donner des nouvelles de l’hôpital et de la situation sanitaire que nous vivons à Lyon.
Après nous être préparés depuis plusieurs semaines à l’arrivée de la vague épidémique du Corona virus,
nous sommes entrés depuis la fin de semaine dernière dans la tempête et dans le vif de l’action.
Les réanimations et les unités de soins se remplissent rapidement de patients qui nécessitent des prises en charges lourdes et après avoir créé de nombreux lits de réanimation nous arriverons probablement en fin de semaine prochaine à une saturation.
Alors que les personnels médicaux et paramédicaux étaient encore au combat il y a 3 semaines pour relever notre hôpital public, tout le monde a dû changer de cible pour assumer une crise sanitaire sans précédent.
Aujourd’hui les personnels hospitaliers et leur directions mais également du secteur libéral, les pharmaciens, les kinésithérapeutes et tous les autres acteurs de notre système de santé, chacun à sa place, démontre une résilience, une abnégation et le un courage exceptionnel.
Nous savons que les jours à venir seront durs, marqués par la fatigue, la peur quelquefois, le désarroi, la souffrance de ne pas arriver à sauver.
D’autres acteurs du système de santé seront probablement touchés par la maladie, et devrons renoncer à soigner peut-être même certains d’entre nous serons hospitalisés et d’autres encore mourrons.
Les patients et les familles seront également éprouvés par la souffrance et par la mort.
Certains probablement se poseront la question du sens à donner à cette crise : à défaut de sens trouverons-nous peut-être la source de nos ennuis dans nos modes de vie que cette crise nous incite à changer et qui sont à rattacher aux cris de la Terre souffrante et martyrisée qui demande Grâce et pitié à l’Homme qui la maltraite.
D’autres se demanderont peut-être si Dieu ne nous a pas abandonnés.
J’aimerais vous transmettre ma certitude que la présence de Dieu jailli dans l’unité faite autour de la prise en charge des plus en difficulté, dans l’entraide et l’humanité profonde qui soude toute la communauté aujourd’hui. Une multitude d’initiatives venues des uns et des autres montre un immense élan de solidarité (préparation et livraison de repas pour les soignants, fabrication artisanale de masques, aide à la garde d’enfants …)
J’aimerais vous transmettre ma certitude que Dieu souffrant de nos épreuves, concerné et soucieux de notre devenir est bel est bien présent parmi nous, et peut être plus que jamais.
Dieu a laissé à l’Homme la responsabilité du devenir de notre terre et a mis en lui toute son Espérance.
Soyons frères et sœurs au rendez-vous de Dieu !
Confions particulièrement dans les jours qui vont venir les soignants, les patients, leur familles, tous ceux et celles qui souffrent de l’isolement lié au confinement, nos morts auquel nous ne pouvons plus rendre hommage par des célébrations communautaires, nos politiques, nos pasteurs et les uns pour les autres.
Aidez aussi les autres en respectant le confinement et les recommandations des mesures barrières.
Que Dieu Bénisse chacune et chacun d’entre vous
En amitié Fraternelle
Lionel BADET
Diacre permanent et médecin
Dimanche 29 mars
Samedi 28 mars
Petit à petit, au fil de ce confinement, de ses épreuves, de ses beautés aussi, nous découvrons tous les deux que notre regard l’un sur l’autre, que notre regard sur les autres, change.
Petit à petit, nous nous voyons mieux, plus souvent, plus longtemps, plus profondément, nous nous écoutons plus, nous nous respectons plus, nous nous recentrons plus sur ce qui est essentiel,
Petit à petit, nous ne voyons plus les autres seulement avec nos yeux, mais aussi avec le cœur.
Nous découvrons chaque jour un peu plus l’étincelle de l’amour de Dieu qui luit au fond de leur cœur.
Nous découvrons leurs richesses et leur beauté alors que nous nous arrêtions trop souvent à leur apparence.
Petit à petit, nos priorités changent, le Christ s’impose de plus en plus entre nous, nous saisissons sa main plus facilement, nous prenons plus de temps pour cheminer joyeusement avec Lui, pour prier, pour le laisser faire en nous, plus de temps pour nous laisser envahir par son amour.
Jésus, apprends nous a transmettre tout cet amour autour de nous.
Jésus, fait que ce cheminement se poursuive au-delà de ce confinement pour témoigner de Ta présence aujourd’hui et nous faire grandir dans l’amour des autres unis à Toi.
Jésus, fait que nos yeux restent ouverts au-delà de ce confinement pour toujours chercher l’étincelle qui luit au fond du coeur des autres, pour nous rendre plus disponibles pour eux.
Vendredi 27 mars
Jeudi 26 mars
Je suis en contact avec les moniales Bénédictine de la Rochette, près de Pont de Beauvoisin, à la limite entre Savoie et Isère.
Pour elles, le confinement ne change pas grand-chose. Plus que jamais cependant, les plus jeunes ont à prendre soin des plus âgées.
Elles ont la chance de participer à la Messe chaque jour. Pour être solidaire avec ceux qui ne le peuvent pas, elles ont décidé de vivre un jeûne eucharistique le vendredi en ne communiant pas ce jour-là.
Je trouve ce geste très beau, qui nous souligne le double sens du mot de communion, avec le Christ et entre nous. C’est pourquoi je vous le partage.
Restons dans la paix et la confiance.
Jean FLOUR
A propos de la messe et des prières en direct :
La participation à une messe ou à une prière paroissiale est, pour moi, beaucoup plus forte si nous sommes ensemble, même virtuellement. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
Lundi 23 mars
Il y a 2 ans, le 25 mars, nous retournions à Nazareth pour 6 semaines de volontariat et confier à la Sainte Famille le projet de fraternités pour Saint Pothin qui commençait à irriguer les cœurs.
Les fraternités Pentecôte vivent et vivent bien. Cet étrange carême auquel il nous est demandé de consentir est un temps de créativité. L’Esprit Saint pétille de sa joie créatrice dans le cœur de chacun…Mais bien plus…Les voisins se découvrent et se cherchent.J7 et voilà déjà 6 jours que Myriam, « la voisine d’en face“ me hèle à l’heure du café pour une petite conversation : elle est seule et inquiète, heureuse de parler « pour de vrai ».Nous nous apprivoisons…Elle applaudit tous les soirs et recherche comme nous tous cette communion fraternelle.Nous nous apprivoisons…Et peu à peu nos mots se centrent sur l’essentiel.Nous nous apprivoisons…Et voilà qu’elle est heureuse d’apprendre que la paroisse célèbre la messe pour toute sa diaspora assoiffée et affamée. Nous nous apprivoisons…Et nous décidons de prier ensemble le Notre Père unies au Saint Père, elle dont la prière est désormais méditation en postures de yoga. Ce Notre Père universel l’attire. La prière de Jésus lui révèle sa soif de fraternité !Nous nous apprivoisons…Et un petit papillon de joie commence à voleter dans mon cœur : » Et si je pouvais l’inviter à rejoindre notre fraternité quand ces tribulations seront le passé ? “Semences posées dans ces “cœurs brisés et broyés », labourés, assoiffés de fraternité puissiez-vous porter du fruit 30, 40, 100 pour un…Elisabeth et Bertrand
Dimanche 22 mars
Nous pensons bien à vous et prions pour vous en ces temps inédits. De notre côté nous prions aussi pour n¹être touchés que par le virus de la charité ! Et profitons de cette période pour nous recentrer sur l’essentiel.